Un site, une association

Un espace d'échanges pour ne plus être seul avec sa scoliose

Avatar de l’utilisateur
Par Biba
#36539
100 % invalidité .. 100 % nouvelle(s) activité(s) ..

Voilà un sujet qui me tient à cœur et dont Gitty par exemple, ne manquera pas d'apporter ses commentaires, n'est-ce pas ?

Et oui, il y a de cela sept ans, on m'annonçait que c'était l'arrêt du travail professionnel (que j'aimais beaucoup), comme je venais d'accoucher de mon petit Bimbo, il y avait là un mélange de bonheur (pour sa venue) et de désarroi (pour le boulot).

Après être sortie du temps de "dépendance" de notre jeune enfant, j'ai constaté que je n'avais pas complètement réalisé mon arrêt de travail (d'où quelques journées et semaines de déprime) .. Ayant toujours été quelqu'un "d'actif", rares étaient les moments où je ne savais quoi faire, mais quand même ... Le "problème" se posait déjà vis-à-vis de mon Bibo (à lui - et c'était bien normal - de me raconter une journée de travail et à moi de lui raconter .. que pour toute activité, il y avait eu une engueulade à la caisse du magasin d'alimentation, ou une super action sur tel et tel produit, génial le niveau d'intérêt ..) Image
Et puis il y avait les réunions entre amis Image, où je me sentais "hors-circuit".

Alors j'ai "replongé" un peu sur mon passé, au stade pré-maman, qu'est-ce que j'aimais à cet époque là, quelle (jeune) femme j'étais avant de m'activer (avec beaucoup de bonheur) dans ma petite "entreprise" familiale, etc .. ?

J'ai donc tout de même continué à voir mes anciens collègues de travail.
J'ai continué à lire mon journal du matin ou alors une chaîne de TV qui passe les nouvelles en un temps record, histoire d'être une maman à plein temps oui .. mais une maman et une femme au courant du monde qui l'entoure :cotent
J'ai continué mon "rituel" du matin, aucune raison de traîner en pyjama, même si on ne sort pas spécialement !
J'ai tenté de ne pas me sentir coupable de sortir me changer les idées (là c'était plus dur), d'apprendre que pour donner autour de moi, il fallait passer et penser à moi, sans égoïsme, mais par "nécessité" ! Ca marche pas toujours .. mais j'essaie !

Bon .. parfois c'est comme le jeu de l'oie, au moment où on a des projets et qu'on veut avancer, on retourne à la case de départ (que ce soit pour des raisons médicales ou des raisons familiales), mais l'essentiel c'est de trouver des petits moments de bonheur et de gagner (un peu) en confiance en soi .. Savoir que malgré tout, on est là et qu'on "sert" à quelque chose !

Tout ça pour dire qu'il faut du temps pour se refaire une "nouvelle" place dans la société. On n'est plus la personne active, mais la passive qui est à la maison (et là .. souvent .. on sent un côté péjoratif).

Même si j'estime avoir plus de temps pour la maison, ma famille et en particulier pour notre enfant, il serait faut d'imaginer de ne faire plus "que ça". Déjà parce que pour des raisons médicales, on ne peut plus forcément avoir les mêmes activités (que ce soit ménage ou autre), mais aussi parce que le fait d'être en invalidité permanente n'est pas une "condamnation" mais un état de fait, conformément à la "situation physique" !

Et pour l'instant, malgré des instants douloureux physiquement (ou parfois moralement), je me sens bien dans ma vie.

J'espère que toutes celles et ceux qui doivent malheureusement arrêter leur activité professionnelle trouveront autant de moments sereins, je vous le souhaite en tous cas de tout cœur (une pensée à toi Gitty)

Bib'bisous :bisous
Avatar de l’utilisateur
Par Biba
#36552
On refera le point à ce moment si nécessaire Elize :cotent Mais pour l'instant, une chose à la fois, penses à passer un bel été, puis opération, puis convalescence, puis ... on verra, mais on sera là :cotent
Pleins de bib'bisous :bisous
Avatar de l’utilisateur
Par Gitty
#36593
Biba, tu sais lire dans les pensées, je voulais lancer un topic sur ce thème cette semaine car effectivement vendredi soir j'étais très mal moralement, je me sentais " hors coup ", " à côté de la plaque", enfin ça correspond aux sentiments que décrit Biba. Je sais qu'il y aura encore des moments très durs moralement , en ce moment c'est les vacances scolaires mais en septembre ....Je sais que je peux trouver pleins d'activités mais je ne suis pas du tout décidée encore , pour mon mari cette situation est loin d'être facile, il me répète depuis des mois que je dois trouver une occupation . Je ne peux pas dire que je m'ennuie , loin de là, mais je ne suis pas faite pour être femme au foyer ( et je n'ai pas d'enfants ), de plus ma santé ne me permet pas faire de le ménage et tout cet entretien du grand jardin autour de la maison. Je me demande souvent à mon mari de faire des choses mais lui n'a que 2 bras et travaille, il est des fois surmené, je le comprends et je m'en veux , aussi de ne pas être capable de faire ce que je voudrais faire. J'ai toujours été en contact avec des gens et ça commence à me manquer. J'ai des idées mais aucune qui me motive assez...je pense qu'il faut laisser faire le temps aussi car vouloir forcer n'a jamais donné de résultats, en tout cas pour moi.
En ce moment, mon plus grand bonheur est de voir / revoir des amis et d'oublier quelques heures mais je dois aussi " réanimer " des amis que j'ai laissé tombé car avoir des invités le weekend était très fatigeant, de même que les sorties très tard..Je peux donc me rattraper si certains amis veulent encore de moi après tout ce temps ( des fois 1, 2 , 3 ans...).
Du côté de la famille, réaction presque inexistante à l'annonce de la nouvelle de mon invalidité, ça fera toujours mal.....
Mais je me console, je ne suis qu'au début de mon invalidité officielle, 5 jours à peine . L'acceptation va se faire tout doucement, je pense.
Bon, je vais me coucher , aujourd'hui on avait des amis depuis midi jusqu'à minuit, beau temps, batailles d'eau, chaise relax, barbecue, vin, ....c'est des moments rares qu'il faut savourer .
Merci encore d'être là à me lire , c'est un grand réconfort ! :amis :bisous1
Avatar de l’utilisateur
Par marietout
#36710
Voilà un sujet difficilement gérable pour ma part...Je travaillais dur, j'avais tout misé sur mon poste et rien dans le privé.Je devais passer cadre et acheter un appartement.Je venais d'avoir 50 ans!La maladie est tombée, pas la scoliose, elle est là depuis si longtemps.Tant que j'ai eu des soins, je vivais dans l'épuisement le plus complet.Comment occuper les phases de rémission quand on sent les forces revenir.Les enfants ont quitté le nid...Difficile de vivre sans projets.Aller vers une association et militer pour les autres, pour combien de temps?Se refermer sur soi-même, très mauvais moralement.Je me sens désociabilisée, je suis sûre que d'autres se reconnaîtront dans ce que j'écris.Et puis, il y a toutes ces choses que l'on aimerait bien faire et auquel il faut renoncer.A-t-on le droit de chercher l'âme soeur quand le temps est compté?Et si elle venait par hasard comment lui dire.Merci Biba d'avoir écrit ce post et merci à toi Gitty pour ta réponse... :bisous
Avatar de l’utilisateur
Par Biba
#36768
C'est vrai que c'est difficile de vivre sans projets, mais je pense que dans les projets c'est pas forcément dans le moyen ou le long terme, c'est tout simplement de passer une bonne journée, s'imposer quelques tâches (et pas ménagères :bouh ) ne serait-ce que lire l'article qui nous tentait et qui traine sur la table du salon.
Oui tu as le droit de chercher l'âme soeur, que le temps soit compté ou pas et c'est ce que je te souhaite de tout coeur :coeur
Je pense à toi Marietout :bisous1
Avatar de l’utilisateur
Par marietout
#36776
Une larme, merci Biba :amis
Avatar de l’utilisateur
Par Manon
#37345
Je n'avaisjamais été sur ce topic et je ne trouve pas les mots pour dire ce que je ressend en vous lisant. Simplement je réalise que ce n'est simple pour personne qui se retrouve face à un changement aussi important dans sa vie. Je perçois l'allocation adulte handicapée depuis janvier pas seulement à cause de ma scoliose mais surtout pour mes problèmes de poumons. Il me reste 2 enfants 12 et 17 ans et malgrè tout j'ai du mal moi aussi à me situer dans la société. Je me sens frustrée. Ce n'est pas une question d'ennui mais une sensation de ne pas trouver ma place. Le fait de ne pouvoir faire ce que je faisais avant (hors travail) sport, sorties plus frèquentes sur Paris, déplacements en voiture... ne me permet pas de profiter de tout ce temps.Tout ça me chamboule moi qui était d'après mes proches (une tornade). Et pourtant je travaillais et j'avais moins de temps. Aujourd'hui je vis lentement mais je ne désespère pas d'avoir le déclic de faire le tri entre ce qui m'est permit et interdit et de trouver une nouvelle voie qui m'épanouiera. Lorsqu'on me dit j'ose espérer sans arrières pensées (Moi j'ai pas le choix d'aller travailler) je peux comprendre que c'est pas troujours facile d'aller au boulot ça me fait un peu froid dans le dos. Gitty, Biba, Cathy, Marie Tout surtout Gitty et Marie Tout qui cherchent encore on finira bien par trouver une nouvelle vie enrichissante. :bisous
Avatar de l’utilisateur
Par mamynou
#37367
Bien difficile certaines situations il faut s'adapter et cela n'est pas facile l'être humain est comme cela il lui faut un certain temps. J'imagine dans certains moments de sa vie on se dit, on va faire cela, on se fait des projets dans sa tete et du jour au lendemain avec la maladie ou autres, il faut tout revoir et s'adapter à une nouvelle situation mais malgré tout je crois qu'il faut se projeter en avant et ne pas se mettre à l'écart bien que se soit les autres qui vous évitent bien souvent. Pourquoi s'interdire certaines choses ? se "punir" on est déjà bien trop malheureux comme cela. Il me semble qu'il faut faire ce qui nous plait bien sur adapté à la condition physique.
Il y a tant de choses simples que l'on peut faire et que l'on apprécie même plus.
Des fois je pense que tout va bien pour ma petite famille et j'ai un peu peur de l'avenir et de ce qu'il pourrait nous arriver à l'un ou à l'autre mais c'est cela la vie.
Avatar de l’utilisateur
Par zizou
#37718
Biba, tu as mis l' accent sur une question que je ne m' étais pas encore posée... Inactivité professionnelle?
J' attends en effet mon arrêt professionnel pour me faire opérer, mais après l' opération et la rééducation qui prendront sûrement longtemps, comment vais-je vivre et gérer ce temps libre?
Je pense que c' est une question qui, même sans l' opération, se pose à toutes les personnes qui prennent leur retraite.
Tu y as parfaitement répondu : ne pas culpabiliser et rechercher de nouvelles occupations (physiques ou mentales), et surtout, surtout, se contenter de donner autour de soi ce qu' on peut donner, et prendre ce qu' on peut prendre... sans se poser trop de questions (on est toujours utile à quelqu' un ou à quelque chose).
Je t' envoie de grosses carresses du bord de mer!
Avatar de l’utilisateur
Par Gitty
#37728
Oui, Zizou on est toujours utile à quelque chose, encore faut-il qu'on nous laisse. Exemple : On est invité chez les voisins ( barbecue...), je propose de faire un dessert mais on me répond : Mais non, ne te fatigue pas , repose toi...J'ai du me battre pour lui faire comprendre que j'aimerai vraiment faire quelque chose et avec plaisir, être utile, que je ne veux pas qu'on me ménage tout le temps. Cette voisine s'occupe de notre maison et de nos chats quand on est en vacances, elle ne veut rien en retour. Ce n'est qu'un détail mais pour moi c'était important de dire mon point de vue ! Voilà c'est un début mais je crois que la route est bien longue encore pour se faire comprendre . :bisou1
Avatar de l’utilisateur
Par Gitty
#41133
Coucou, voilà le mois de septembre,c’est la fin des vacances scolaires, tout le monde parle de la rentrée ( ici c’est le 15.9 ) et mon moral est très bas.Des choses me font pleurer . Dans le journal , il y a un article du conseil communal de ma commune , je suis mentionné comme celle qui est remplacée par une autre institutrice vu que je suis à la retraite. Une brochure de la commune arrive hier( elle est distribuée à tous les ménages ) , elle contient toutes les informations relatifs aux écoles de ma commune . On y dit que je suis partie à la retraite et on me souhaite bonne chance et meilleurs vœux pour l’avenir….inutile de dire que j’étais encore en larmes. Voilà, c’est concret maintenant, je ne fais plus partie des enseignants. Toute ma vie a été axée sur ce métier qui m’a permis de me sentir « normale » , « comme les autres », malgré mon handicap. On m’estimait en tant qu’institutrice. Tout ça n’est plus et je me sens vidée, isolée, sans énergie, triste, inutile depuis des semaines.J’ai une haine contre ce corps, cet handicap, ça me rend furieuse. En ce moment , je n’accepte pas du tout ma situation que je trouve injuste.
Je suis désolée , il fallait que ça sorte. :bisou1
Avatar de l’utilisateur
Par lena
#41140
Gitty,

c'est bien normal, ce que tu ressens, c'est un grand changement dans ta vie, tu as peut-être ce que l'on peut appeler une" crise d'identité", c'est bien normal que tu aies le blues car tu as maintenant à te redéfinir en fonction d'une nouvelle situation. Avant de te retrouver, tu as à faire un deuil de ce que tu quittes, puis après tu pourras accueillir du nouveau, que tu ne connais pas encore peut-être.
Ce qui m'a aidée à garder le moral, en des circonstances difficiles, c'est des livres encourageants avec pleins de petits conseils tout simples pour améliorer les petites choses de la vie.

Courage, Gitty, tu vas retomber sur tes pattes!
Avatar de l’utilisateur
Par Fanette
#41145
Tu as raison de tout faire sortir, Gitty, et je ne saurais te consoler. Oui, c'est injuste ! Cette frustration de n'avoir pas pû accomplir la tâche pour laquelle tu avais été formée, pour laquelle tu avais tant lutté et tant travaillé.
Je suis tout à fait de l'avis de Léna. Il faut que tu fasses ta période de deuil.
Lorsque l'amertume sera moins amère, tu pourras te reconstruire et te fixer un autre but, plus en adéquation avec la Gitty de maintenant. Les enfants auront toujours besoin de toi, Gitty, même si ce n'est plus dans une salle de classe.
Je sais que, le temps venu, tu seras prête :bisous1
Avatar de l’utilisateur
Par Fanette
#41146
Quant à moi, c'est petit à petit que j'ai diminué mes activités professionnelles, sans penser à demander une quelconque aide financière. Enfin, du moins, sans vouloir. Pourquoi ? Parce que j'ai toujours nié que j'avais un problème de santé, et surtout ne pas me sentir dans le lot des handicapés. J'aurais eu honte, car après avoir passé mon hospitalisation en centre, et avoir vécu avec des enfants en fauteuil, paralysés, mutilés, à demander une allocation.
Mais, je me sens coupable d'apporter qu'un petit peu d'argent dans mon foyer, et pour les dépenses perso, j'essaie de le faire avec mon petit budget.
Mon mari a horreur que je parle de la sorte, mais je ne peux pas m'en empêcher !
Je crois que ma principale souffrance est d'ordre matérielle et pas intellectuelle. Bizarre, non ?
C'est la 1ère fois que j'en parle ouvertement, et c'est avec vous !
Vous êtes devenus très très importants pour moi, merci :bisous1
Avatar de l’utilisateur
Par marina
#41155
bonjour fanette et gitty
oui je comprends bien ce que vous ressentez et je ne sais pas si ce que je vais dire va servir à quelque chose, mais bon j'essaie quand même...

oui, en effet, c'est honteux que notre société ne soit pas capable de montrer aux gens qui n'ont pas une activité professionnelle qu'en réalité, ils sont extrêmement utiles. On vit dans un monde ou quand on ne produit rien, on ne compte pas... Et bien c'est pas normal.

Au contraire, quand on a une activité professionnelle, la plupart du temps on passe un temps fou à faire tout... sauf l'essentiel. On est noyé dans nos petits problèmes de l'instant, et on passe à côté des choses les plus importantes. Et du coup on brasse beaucoup de vent... Alors que si on donnait la parole aux gens qui ont une expérience à partager et qui ont du temps à consacrer, on analyserait les choses "de plus haut" et on aurait d'autres idées, une autre vision des choses...

Il y a des tas de choses qui sont essentielles pour qu'une société fonctionne bien et pour lesquelles on ne va jamais payer quelqu'un. Il y a tout le travail que font les associations bien sûr, mais aussi, tout simplement, le sourire qu'on va adresser à sa voisine, le temps qu'on va prendre pour discuter avec le facteur, le soin qu'on va apporter à décorer son jardin ou sa maison...

Toutes choses que les gens qui travaillent trop n'ont pas le temps de faire, mais qui, si plus personne n'avait le temps de les faire, rendraient notre société inhumaine. Il n'y a qu'à aller voir dans certaines grandes villes pour voir ce que ça devient, un monde où tout le monde est obligé de compter son temps comme un grippe-sou...

Vous qui pour une raison ou une autre n'avez pas d'activité professionnelle, vous avez un rôle essentiel: donner de la qualité à notre vie. Faire que dans le bus il n'y a pas que des mines grises et crevées, mais aussi une personne dont on croise le regard, qui nous sourit, qui nous donne la pêche. Permettre que, si jamais on a envie de parler, il existe quelqu'un qui ne va pas regarder tout le temps sa montre parce qu'il a rendez-vous ailleurs. Etre la personne qu'on peut passer voir à l'improviste sans avoir l'impression de déranger, qui au contraire nous accueille avec plaisir pour un temps de repos.

Dans notre société on est tout le temps en train de mesurer notre utilité à la quantité de travail qu'on fait... Et bien on se met le doigt dans l'oeil. C'est la qualité qu'il faudrait regarder plutôt... et pas la qualité de travail, mais surtout la qualité de notre vie et de notre personnalité, et là, les filles, je crois que vous êtes au moins aussi importantes pour notre société que beaucoup d'autres (et à mon avis encore plus mais je ne veux pas vous faire rougir...)

Bon voilà, désolée d'avoir été longue... mais je crois que ce que vous ETES vaut infiniment plus que toutes les inepties que je peux produire dans une journée :-)

:bisous :bisous

N'hésitez plus et faites un don à l'association !