- sam. sept. 17, 2011 9:28 pm
#213867
Bonsoir Vivi,
Je viens de lire tes propos dans lesquels je me reconnais à certains moments de ma vie de Papa tout comme toi et sûrement aussi comme mille parents d'enfants en soucis de santé.
Comment ne pas adhérer à ce que tu dis ? Il est tout de même assez effarant, même si l'on ne remet pas en cause les compétences des enseignants, que dans plusieurs cas trouvés ici, on ait du mal à faire "respecter" un PAI et suivre au plus près les consignes de ce document. En fait, peu importe la gravité de la maladie des enfants, si un PAI est mis en place, c'est qu'il y a un souci médical constaté par un médecin spécialiste dans son métier. C'est toujours agaçant d'entendre dire tout ce que l'on entend au fur et à mesure de la scolarité de nos enfants, les propos de quelques fois. Le mal qu'il faut se donner pour faire respecter des choses qui tiennent en fait à la sécurité et à la santé des enfants. Simplement. Je sais de quoi je parle, j'ai été pendant un trimestre obligé d'accompagner Thomas en corset à la piscine le Lundi après-midi parce que la maîtresse... oubliait, mais qu'à ses propos ce n'était pas si grave et qu'elle ne pouvait pas penser à tout. Mouais...
Comment ne pas dire aussi que l'on en souffert de tout cela, que l'on s'en est filé pour aider nos enfants à avoir une vie normale malgré leur appareillage, leurs soucis, leurs cicatrices, leurs doutes sur leur futur de "grands". Tout cela est une mission de parents de chaque jour, chaque instant et parfois d'avoir l'impression que les autres résument cela à "pas si grave", "ça ne se voit pas" ou "ça va passer avec le temps" me met souvent la rage au coeur. Je croise souvent des gens qui me disent que finalement, après tout, on s'en est bien tiré. On a eu un peu peur mais maintenant cela va, ce n'était qu'un moment dur. Tout cela est dur à avaler parfois, à gérer aussi au jour le jour. Personne, hors mis ceux qui ont un peu souffert avec les leurs, n'imagine la longueur du chemin quand l'un des membres de la famille est malade. Les doutes, les nuits blanches, les larmes qu'on pose tout seul dans son coin pour éviter d'en entendre pire encore. Tout cela laisse des traces au fond de nous plus que l'on imagine, inconsciemment. Plus que l'on ne pourrait l'écrire, même. Il faut simplement l'avoir vécu pour en parler ou le ressentir...
A tout cela se rajoutent le travail, la course contre le temps que représente chaque jour. Et encore les doutes, le parcours médical qui revient comme une balançoire souvent, régulièrement. Tous les efforts que l'on fait pour passer outre certaines difficultés, certaines différences à vivre, à supporter. Comment ne pas perdre parfois un peu ses repères, ses marques ou sa confiance de parent dans le monde qui nous entoure quelquefois. Comment ne pas être amer, après avoir donné tant, de devoir se donner tant de mal pour recevoir un peu, avoir un peu de quiétude.
Pour finir, je crois qu'en vrai on ne tourne jamais la page. Et c'est tant mieux. Ce que l'on a vécu nous a rendu différent, nous a amené un peu à l'écart d'un monde où tout est accessoire, illusoire parfois, une vie si loin de l'affection vraie que l'on donne chaque jour aux nôtres. Je sais de quoi je parle, mes enfants sont pour l'instant "sortis" du tunnel et je garde mille traces de ces moments d'hier. Une impression d'être un peu devenu un loup qui protège ses petits, prêt à bondir à la moindre injustice que je ressentirais autour d'eux.
Je pense que la vie et ses doutes nous a rendus différents, plus proches des nôtres. Un collègue m'a dit récemment, après avoir lu l'histoire de Thomas, qu'il "m'enviait un peu" d'avoir su écrire et ressentir mille choses depuis quelques années, d'avoir vécu ce bout de route avec les miens. S'il savait seulement ce que j'ai pu l'envier moi aussi souvent, à vivre sans tout ce poids avec lui, à fermer ses yeux le soir serein. A ne penser à rien...
Meilleures pensées,
Franck