Un site, une association

Un espace d'échanges pour ne plus être seul avec sa scoliose

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Par Florence28
#96181
Bonjour,

Je me présente, je suis Florence et je suis la maman de 2 garçons : Antoine 7 ans en CE1 et Hippolyte 4 ans, nous vivons près de Valence dans la Drôme.

Dans 3 jours, Antoine va porter un corset parce qu'il a une hémi-vertèbre surnuméraire à V12 qui entraine une scoliose.

Son histoire a commencé il y a 1 an : le médecin scolaire m'informe qu'il pense dépister un début de scoliose. Une radio montrera immédiatement son anomalie. Ensuite, nous avons rencontré en janvier dernier un professeur à l'hopital pédiatrique de Lyon. Ce professeur agé mais visiblement très réputé et reconnu, a dit que la demi-vertèbre supplémentaire était très bien soudée, et que la colonne était légèrement courbée, mais sans plus.
Donc, contrôle 11 mois plus tard.
C'était il y a 3 semaines. Le verdict est tombé : Antoine a grandi depuis la dernière visite de 5 cm, et sa colonne a changé de posture. Il faut un corset. Le jour même, prise des mesures chez un appareilleur (je ne sais pas si c'est bien le terme ?) dans le 8ème arrondissement. Ce Monsieur B. a été très agréable avec Antoine, il l'a aidé à choisir la couleur de son corset : il sera avec des goutelettes d'eau vertes.
Nous étions tous les 4, la famille au complet.
Hippolyte a réagit : il s'est mit tout nu, et a voulu aussi qu'on lui prenne ses mesures. Monsieur B. l'a laissé faire et l'a posé sur sa plate-forme noire.

Mardi dernier, je suis allée à Lyon avec Antoine pour qu'il fasse un premier essai du corset. Il était tellement content que je l'emmène en TGV que ca lui a distrait l'esprit, et il a pris ce rendez-vous comme une simple formalité. Et puis le soir même, son meilleur copain venait dormir chez nous. Hasard du calendrier, car c'était prévu avant le rdv à Lyon. Mais c'est bien tombé.
Ce copain nous a dit à table "il a de la chance Antoine, moi aussi je voudrais bien un corset. En plus, je crois que j'en ai besoin".

Hier soir, je suis allée avec Antoine lui acheter un nouveau cartable : avec des roulettes. Il le trouve très bien, il est content.
Mais ce matin il était inquiet, il m'a demandé de vérifier avec la directrice s'il avait le droit de changer de cartable en cours d'année. Je l'ai rassuré bien entendu.

Maintenant, je vois son petit cartable à bretelles vide dans l'entrée, et ca me fend le coeur. C'est un signe que la vie sans corset est bientôt finie avant très longtemps...

Je suis très triste, très inquiète, très perdue.

Monsieur B m'a recommandé ce forum.
Je viens de vous lire beaucoup ce matin, ca m'a déjà fait du bien. Ca me sort de l'isolement. Nos amis et nos familles sont adorables, mais ils ne comprennent pas, ils disent tous qu'on a de la chance qu'Antoine soit dépisté jeune et qu'il soit bien suivi. Mais mes questions vont plus loin.

Antoine est un petit garçon très gentil, très doux et sensible, intelligent et plein de vie. Il adore l'école, il joue au foot, fait du judo et fait aussi de la musique (flute à bec et solfège). ll met tout son coeur pour tout, il nous épate. Je suis extrèmement fière de mon petit garçon pour tout ce qu'il est.

Je voudrais tant qu'il n'ai rien... je voudrais tant porter ce corset à sa place.
Lui qui court tout le temps, ce corset va-t-il lui faire perdre l'équilibre ? va-t-il le supporter ?
Le matin quand il se lève, il me saute dans les bras. Ce matin j'ai réalisé qu'avec le corset ce ne sera peut-être plus possible.

J'ai peur que ce corset vole l'insouciance de mon fils pour toute son enfance, j'ai peur que ca le traumatise.

Lundi c'est la grosse journée : nous allons à l'hopital pédiatrique pour la livraison du corset + irm + visite chez le professeur.
Ce jour là va être un tournant dans sa vie, dans notre vie de famille.

Je lui ai expliqué comment allait se dérouler l'IRM, mais je n'ose pas lui parler du produit contrastant car il semblerait que ce ne soit pas systématique. Je ne veux pas l'effrayer avec cela, mais d'un autre côté, je m'en voudrais de ne pas l'avoir prévenu si on lui en met.

Merci de m'avoir lu,
Florence
Par elize
#96182
:amis bonjour Florence je pense que tres vite vous aller avoir des reponses reconfortantes et surtout de partage ,car c'est de ça dont on a besoin face a cette maladie ,du soutien et de l'amitie,.
tu ma l'aire d'etre une maman formidable ,pour le calin du matin pas de soucis ,vous trouverez tres vite comment contourner le "hic"
a tres bientot :biz
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Par franck
#96184
Bonjour Florence,

Je suis le papa de Thomas dans "Histoires d'enfants". Je t'invite à lire son histoire avec ses hauts et ses bas aussi quelquefois. Je trouve que ton entrée en matière est très jolie, elle ressemble à l'aventure de Thomas l'histoire de ton petit bonhomme. Nos enfants ont les mêmes âges.

C'est vrai que nous aussi pour Thomas, nous avons éprouvé le même sentiment de peine par rapport aux objets comme le cartable ou le bureau que nous avons dû changer. En pensant qu'ils ne serviront plus jamais. Saches bien une chose avant tout : Thomas porte un corset Milwaukee et il fait tout comme avant avec. La seule chose qu'il ne peut pas faire est du vélo, alors dans ce cas on l'enlève.

Je crois que la peine, même si cela peut paraître surprenant, est un sentiment noble et important. La peine est ce que l'on ressent par rapport à une injustice ou un truc qui vous tombe dessus et contre lequel on ne peut rien faire. Si quelqu'un est méchant, on peut l'attraper. Là, on a rien a se mettre sous la main pour exprimer notre colère. On se demande pourquoi notre enfant, pourquoi cette maladie, qu'est ce que l'on a fait au ciel ?
Et puis au fil des jours, la peine est encore là, mais elle donne du courage aux parents, de la force et l'envie de ne pas se laisser faire par la maladie. De profiter de tout mieux qu'avant. Et de gagner contre la nature, en prenant le temps et en vivant le meilleur parti de tous les instants qui passent.

Moi aussi, j'ai eu peur avec ma femme. Peur de ne plus pouvoir faire de câlins à mon gosse, qu'il ne puisse plus s'asseoir ou se coucher tout seul, peur aussi qu'il perde son sourire et sa joie curieuse de la vie. Les gens d'ici m'ont remonté le moral, ils m'ont fait comprendre que les enfants changent si nous changeons. Qu'ils ont peur seulement si nous avons peur. Leur courage et leur amour de la vie, ils vont le chercher dans nos yeux, dans notre coeur. Les câlins restent les mêmes, l'amour reste au chaud caché dans le corset. Derrière ce petit rempart que les autres voient d'un oeil curieux quelquefois, l'amour reste le même qu'avant la maladie. Parce que l'amour s'adapte à tout, il prend patience et se moque des difficultés.

Quelquefois, quand Thomas a le blues, parce que cela arrive aussi, je dis à Thomas que nous sommes en guerre contre Dame Scoliose, méchante sorcière. Que le corset est une arme, qu'une guerre est toujours longue mais qu'on la gagne avec la foi. J'aimerais que tu lises l'histoire de mon fils parce que l'on me dit qu'elle est bien écrite et belle. Elle est belle parce que son combat est courageux. Elle est aussi bien écrite parce que j'ai vidé mon coeur sur son histoire, mon trop plein d'émotion. C'est important de le faire, de se sentir forts quelquefois, ou faibles aussi. Ce forum est là pour cela aussi parce qu'au début du traitement, c'est dur pour les parents. Peu de gens le comprennent au dehors, ils ne voient que la façade. Il faut s'accrocher et vous allez y arriver, faire de votre enfant un fringant bonhomme comme tous les enfants ici.

Pour finir, il m'arrive de regarder des photos de Thomas, le soir, quand ma maison dort. Je cherche ce qui a changé, si ces moments d'avant étaient plus heureux, si lui a changé de regard. Je ne crois pas. Je pense que mon fils est encore heureux, plus mature mais heureux depuis le début du traitement. Il y a un truc en plus, pas marrant. Mais il est resté debout malgré la tempête. Il a résisté à ce vent, nous a transmis son courage et nous lui avons donné notre amour et notre fierté de lui en échange. Ce que je vis aujourd'hui, j'en suis fier. Même si je m'en serais passé, je suis fier d'être de ce combat. Et j'irais au bout. Tant pis si j'y laisse quelques larmes en route ou que j'y attrape des rides en plus...

Prends le cartable d'Antoine, ranges-le quelque part et gardes le précieusement. En retombant dessus, dans quelques années, tu seras comme nous fière en repensant à votre lutte qui ne sera pas vaine et aura changé votre vie sans la détruire. Alors, plus tard, votre peine sera devenue nostalgie. La nostalgie étant comme le disait un écrivain "le bonheur d'avoir été triste".

Meilleures pensées,
Franck
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Par chris
#96195
Bonsoir Florence et bienvenue sur SP
Au départ c'est toujours un choc à l'annonce du port d'un corset pour un enfant, mais tu verras que d'ici peu c'est lui qui va te remonter le moral; Les enfants sont très courageux et supporte très souvent leurs traitements sans se plaindre,
Dans son mal effectivement c'est une chance qu'il ai été détecté très tot, ça permet de prendre en charge la scoliose le plus vite possible pour ne pas lui laisser le temps de prendre des proportions plus importantes.
Merci à Mr B; je pense de chez L. de nous avoir recommandé.
:bisous1
Par Karine.l
#96220
Bonsoir Florence, je suis la maman de François et je te souhaite la bienvenue...
Tu trouveras ici des gens formidables qui seront répondre à tes questions... Nous, nous voyons le docteur mercredi 19 et là on en saura plus. Je me réfère beaucoup à Franck car nous sommes peu nombreux a être parents de garçons de cet age là et Thomas est tellemnt extra que ça m'encourage beaucoup...

:bisous1
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Par marietout
#96300
Bonjour Florence :coucou
Bienvenue à toi et à ton fils Antoine sur le forum de l'association "scoliose et Partage".
En cliquant sur ce lien http://www.scoliose.org/forum/viewtopic.php?t=2527 tu trouveras un message de bienvenue destiné à tous les nouveaux arrivants sur le site. :chance
Bon courage dans ce combat, nous sommes là pour te soutenir le moral, alors n'hésites pas!
A bientôt :bisous1 pour Antoine :biz
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Par mamynou
#96308
Florence28 bonjour et surtout bienvenue à toi
l'annonce de la maladie c'est toujours l'inconnu, la peur surtout si cela concerne un enfant mais sur le site tu vas pouvoir lire beaucoup d'histoire qui ressemble à celle de ton fils. Vous en êtes au début de cette grande bataille mais vous verrez avec la scoliose il y a des haut des bas mais au bout il y a toujours la vistoire. Il faut de la patience, beaucoup de patience, suivre bien les traitements mais je suis sur qu'avec votre aide votre fils se sortira de tout cela et dans quelques années ce sera un beau jeune homme.
Courage et gros bisous à vous :bisous
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Par clarinette
#96311
bonsoir florence et antoine ;je vous envoie tout plein de reconfort ,de courrage;et de peps pour vivre avec votre nouveau copain qui vous veut du bien.Anais notre fille chez les enfants à eut son premier corset il y à un peu plus d'1 an maintenant;et ont arrivent à l'oublier au quotidien ,parfois ont part faire du rollers et nous sommes obliger de retourner à la maison pour l'enlever, Anais va au parcs joue fait du velo tout comme tout ses copains et à l'ecole, à la cantine, a l'etude ca y est il est la et presque inapercue pour l'instant car les sous pull sont ses amis .tout vas bien il fait partie à part entiere de notre famille. à bientot et surtout bonnes fetes ..
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Par Corilora
#96375
Bonsoir Florence,

Ton joli témoignage m'a beaucoup émue.

Pour avoir été une enfant atteinte de scoliose (même si détectée bien plus tard) et avoir eu un frère malade également, je peux t'affirmer que les enfants supportent très bien les traitements. Cela fait tout simplement partie de leur vie et quand ils ont des parents rassurants, qui arrivent à cacher un peu leur angoisse, ils prennent les traitement avec beaucoup de simplicité. Je sais que ce n'est pas évident, et je vit avec la hantise que mes filles soient atteintes de cette maudite maladie. Mais je me suis rendue compte très récemment que mes parents avec bien plus soufferts psychologiquement que moi de la scoliose. En découvrant ce site - à 36 ans!- , j'ai réalisé l'angoisse des parents, j'ai interrogé ma mère qui m'a raconté ses propres angoisses. C'est une maigre consolation, mais ton fils qui a l'air si bien dans sa peau surmontera très bien ses traitements et même si on préférerait éviter ce genre d'épreuve, ca rend plus fort par rapport à la vie. J'aurais tendance à dire que la maladie relativise beaucoup de choses et c'est une force très cerainement.
Bon courage :chance
:bisous1
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Par Florence28
#96430
Tout d'abord je vous remercie très sincèrement tous de vos messages réconfortants et rassurants. Vous comprenez ce que je ressents mieux que n'importe quelle personne de mon entourage.

J'ai lu l'histoire de Thomas, c'est vrai que Thomas ressemble beaucoup à Antoine, c'est même troublant. Son histoire est touchante. J'y suis surement d'autant plus sensible qu'il a le même âge qu'Antoine.

Hier, nous avons passé l'après-midi à l'hôpital pédiatrique à Lyon.

Trajet en TGV depuis Valence, Antoine a adoré !
Son papa nous a rejoint, il était déjà à Lyon pour le travail.

Arrivée à 13 h 45 : Monsieur B l'appareilleur nous accueille et nous montre le corset. Surprise, il est nettement plus beau et plus petit que lors de l'essayage mardi dernier. Il a fallu retailler un peu sous les bras. Monsieur B a apporté en même temps 4 t-shirts sans couture. Ce monsieur est très gentil et Antoine l'apprécie.

Puis direction l'IRM. Il n'a pas eu de produit contrastant. Après la première série de clichés, Antoine a éclaté en sanglots, il avait très peur du bruit malgré les bouchons d'oreilles. Mais il n'a pas bougé, il attendu la fin de la série pour pleurer. Quel courage mon petit ! Je l'ai rassuré, je l'ai invité à se concentrer sur le dessin animé qu'il pouvait voir grâce à des lunettes-périscopes, je lui ai redit que certes il y avait un vilain bruit, mais que ca ne faisait pas mal.
Quand la deuxième série de clichés a commencé, je voyais sa respiration très forte, il avait encore peur. Puis il s'est calmé, il a respiré doucement, et les autres séries se sont bien passées.

Ensuite, il est allé passé la radio avec le corset accompagné de son papa. C'est lui qui décide qui l'accompagne.

Nous avons ensuite joué avec les dames en blouse rose à un jeu de société, puis visite chez le professeur.
Bonne nouvelle : l'IRM révèle qu'il n'y a pas de zone de croissance entre la demi-vertèbre supplémentaire et la vertèbre à laquelle elle est rattachée. Le professeur avait eu un doute, donc on peut dire que l'irm nous a donné une bonne nouvelle.
Quant à la radio avec corset, et bien c'est formidable, on voit déjà sa colonne redressée.

Antoine a droit à 4 heures maxi sans corset par jour jusqu'à cet été. Ensuite, il pourra avoir 6 h de liberté par jour.

Nous sommes repartis tous les trois soulagés que cette après-midi à l'hopital soit derrière nous, mais conscients que nous revenions avec le corset.
Arrivé à la maison, Antoine a réclamé son temps de liberté. Accordée. Puis il l'a remis avant d'aller se coucher. Pour lire l'histoire, il a fallu qu'il se couche complètement, car semi-allongé il n'était pas bien.

Antoine a passé une très bonne nuit, il s'est endormi facilement. Je l'ai retrouvé ce matin endormi sur le côté, ca m'a étonné, je ne croyais pas que ce serait possible. Et surtout, j'ai pu le porter dans mes bras comme tous les matins pour lui faire le calin.

Premier jour d'école avec le corset. Il a sport aujourd'hui au gymnase, j'ai donc écris à sa maîtresse pour lui demander qu'elle aide Antoine à retirer et à remettre son corset. J'espère que ca se passera bien. Il m'a dit que tout allait bien ce matin, qu'il était à l'aise. Je le crois.

Par contre, moi j'ai beau être rassurée, ca n'enlève pas le chagrin que j'ai eu après l'avoir laissé à l'école. J'ai vu sa petite silhouette partir, très différente pour moi, identique surement pour les autres.
Je vois ses petites épaules plus hautes, son pantalon un peu trop court maintenant car il remonte complètement sur sa taille, alors qu'avant Antoine le portait taille basse.

Corilora : oui, je crois que les parents sont plus angoissés que les enfants, comme ta maman l'a été pour toi.
L'appareilleur m'a dit qu'il avait deviné ce que je ressentais mais que j'étais forte devant mon fils.

Ceci dit, je fais bien la part des choses. Avec mon fils je suis très positive et rassurante, mais je m'autorise une fois seule à exprimer ce que je ressens.
Je me connais, les changements me font toujours le même effet, il me faut un temps d'adaptation, mais mon naturel optimiste et joyeux reprend normalement vite le dessus.

Je l'ai laissé s'habiller seul ce matin jusqu'à ce qu'il ai besoin de mon aide, en l'occurence pour les chaussettes et les chaussures.
Je lui ai bien expliqué qu'i sera toujours le même petit garçon, le même écolier, le même sportif, le même musicien, le même petit garçon.

J'ai hâte d'être à ce soir pour savoir comment il aura vécu sa première journée à l'école avec son corset.

Antoine essaie déjà de vouloir retirer et remettre seul son corset. Il n'y arrive pas encore.
Au bout de combien de temps vos enfants ont-ils réussi ?

Merci encore pour votre accueil
Florence
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Par Corilora
#96611
Bonjour Florence,

Merci pour ces nouvelles. Antoine est proprement épatant!!
J'espère qu'Antoine (qui a l'air d'être un garçon particulièrement adorable et vraiment bien dans sa peau) continuera à bien supporter le corset...
Bon courage
Corilora
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Par franck
#96618
Bonsoir Florence,

Je prends un grand intérêt à lire l'histoire de ton fils. Peut-être parce que c'est un garçon du même âge de Thomas mais aussi et surtout parce qu'elle est très bien écrite, racontée. Et j'avoue que je suis très sensible à la manière dont tu nous rends compte de ces moments durs de début de corset.

Moi aussi, il m'arrive de regarder mon fils au milieu des autres enfants. Je me demande souvent pourquoi il a fallu que cela tombe sur lui. Il n'avait sûrement pas besoin de cela pour connaître la valeur de la vie et le courage. Moi aussi, je le regarde parfois s'éloigner en direction de la cour d'école, tirant son cartable à roulettes, avec son corset qui dépasse derrière son cou. Avec cela, on a quelquefois l'impression d'un petit ange avec ses petites ailes dépassant de la têtière.
De voir mon enfant ainsi me brise souvent le coeur, les autres se retournent parfois dans la rue pour essayer de deviner. Alors, je le couvre de mon coeur pour qu'il ne s'attarde pas outre mesure sur sa différence.
Il m'arrive de le regarder jouer ou de l'écouter dormir en lui envoyant tout ce que j'ai de bon, de positif. J'aime à lui accorder mon temps libre parce que cette maladie me ronge, cela m'arrive je l'avoue. Elle m'empêche quelquefois de me concentrer dans mon travail, je pense souvent à mes enfants en cours de journée.

Je comprends ce que tu ressens, cette impression de lâcher son gosse quelquefois alors qu'on voudrait l'aider, le serrer contre soi, le garder pour toujours contre notre ventre pour le protéger, de ne pas pouvoir faire plus que ce que l'on fait déjà. Ceux qui vivent la vie de leurs enfants en corset comprennent cela, les autres essayent mais ils sont loin du compte pour comprendre ce que l'on ressent. On ne peut leur en vouloir, ils n'ont pas touché le truc du doigt. Ils nous canardent de "C'est mieux maintenant, ça va aller, t'inquiètes pas, cela va se soigner". Mais la seule chose que nous l'on réclame c'est un bon moment, une discussion sympa, un repas entre amis, un moment ailleurs, quoi.

Je crois que lorsque le coeur chavire, on gagne en estime de soi, en amour des siens. Ceux qui vivent des moments durs gagnent un truc que les autres n'auront jamais, un supplément d'âme. S'il m'arrive d'avoir mal au ventre mais de ne pas savoir l'expliquer, alors je serre mes gosses contre moi et je respire leur amour. Parce que celui-là est vrai et ne nous lâchera jamais en route.

Pour en finir, votre enfant va vous impressionner. Et je pèse mes mots. Il va tout faire avec et rigoler à la face du mauvais sort que la vie lui a jetée. Il y a bien des moments où cela sentira le ras le bol mais là, c'est vous qui lui rendrez le moral. Parce que, au départ, il ne l'a jamais perdu et vous a gardés en vie et souriants alors que vous aviez l'impression que plus rien n'avait de goût. Il va tenir, avancer, vaincre et vivre bien coûte que coûte quelle que soit la durée. En vous tenant la main pour vous montrer qu'il vous aime et que cela ne changera pas au gré de la maladie. C'est là, la seule certitude de cette drôle de maladie.

Meilleures pensées,
Franck
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Par Florence28
#96656
Mardi soir, fin de l'école. Antoine était souriant, tout allait bien, il me dit qu'il a passé une bonne journée, mais que pendant un moment il a eu mal au niveau du bassin.

Je l'ai emmené au judo comme tous les mardis. Arrivés dans le vestiaire, il s'est déshabillé normalement, et a montré son corset à ses copains, il était souriant. A la fin de la séance de judo, il m'a réclamé son corset. Je lui ai alors rappelé qu'il avait droit à 4 heures de liberté, mais il m'a répondu : "je veux le mettre quand même, je veux que mon dos soit guéri plus vite". C'est tout mon fils, être raisonnable et sérieux.
Finalement, je lui ai dis qu'il pouvait au moins profiter encore une heure, le temps qu'on ramène son petit copain chez lui et qu'il joue un peu.
Chez son copain, il a remis son corset. Total, 2 heures de liberté.
Antoine a bien dormi, comme la première nuit.

Hier mercredi.
Le matin il a voulu deux fois le retirer parce que ca le génait. Je l'ai doucement invité à garder son corset, en lui réexpliquant que le professeur avait bien dit que c'était comme des chaussures neuves, que c'était normal qu'il éprouve une gène. Et puis, il fallait garder les heures de liberté pour le foot l'après-midi.
A 13 h, je lui ai retirer le corset : Antoine était fou de joie ! il riait aux éclats, se jetait sur son lit et criait "la liberté est en moi !". Quel bonheur de le voir ainsi.
Il a joué au foot, il est retourné à la voiture chercher son corset pour le montrer à son entraîneur.
Je l'ai ensuite emmené chez le coiffeur, puis il a remis son corset.
Total : 3 heures de liberté + 10 minutes le temps de la douche.

Avant la douche, je lui ai demandé d'essayer encore de retirer seul son corset. Il n'y arrivait pas. Alors je lui ai proposé de se mettre devant le miroir. Et là, il y est arrivé du premier coup, quelle victoire pour lui !
Pour le remettre, ca n'a pas marché, même devant le miroir. C'est trop dur.

Le bilan au bout de 2 jours :

- Antoine dort bien, sur le dos, sur le coté, sur le ventre. C'est une bonne nouvelle, car je pensais que ce serait très dur.
- Antoine accepte bien son corset, il n'en a pas honte.
- Ses copains sont supers avec lui.

Par contre,
- il n'est pas à l'aise dans le canapé, en voiture, en fauteuil. Il faut qu'il soit assis bien droit ou alors totalement allongé. Nous allons faire un grand voyage samedi (800 km) alors je vais emmener les 4 réhausseurs pour faire des roulements. Et puis si c'est trop dur, je lui retirerai davantage que le temps autorisé. Le professeur a dit qu'il pouvait y avoir des exceptions.
- Antoine ne peut pas s'essuyer les fesses aux toilettes, il perd de l'autonomie, il n'aime pas trop cela. Et puis je vois que le corset tombe vraiment sur le haut de ses fesses, alors en l'essuyant , il faut faire attention à ne pas salir son t-shirt.
- Il ne peut pas se chausser, ni mettre ses chaussettes.
- Il a du mal à passer de la position couchée à debout.

Franck :
Ce que tu écris, j'aurais pu l'écrire. Tes mots reflètent 100% de mes pensées. En ce moment je ne travaille pas, et j'avoue que c'est plus facile. Je te comprends quand tu écris que c'est parfois difficile de te concentrer sur ton travail.

Antoine m'a dit doucement hier : "j'aimerais bien être comme avant...".
Je l'ai rassuré, je lui ai expliqué qu'il était pareil, que rien n'avait changé. Il m'a écouté. Puis il m'a dit "si, j'ai changé". Il n'était pas triste, enfin je ne le crois pas, mais tellement lucide.

Pour la petite histoire, je vais aussi vous raconter la réaction d'Hippolyte 4 ans, le petit frère d'Antoine. Mardi soir, Hippolyte découvre le corset d'Antoine. Et bien il est allé chercher un masque qu'il s'est mis autour du ventre pour avoir lui aussi un corset. C'est pas mignon la solidarité fraternel ? je suis trop fière de mes loulous !

A très bientôt
Florence
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Par franck
#97260
Bonsoir Florence, Antoine et la petite famille,

Tout le monde chez moi vous souhaite une bonne année pleine de sourires, de bons moments et de bons résultats avec le corset.

Le chemin est long pour nous tous mais nous y arriverons,

Bonne année 2008,
Franck
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Par Florence28
#97264
Merci beaucoup Franck pour tes bons voeux.

je te souhaite également une bonne année à toi et à toute ta famille. Je souhaite que Justine se rétablisse vite de son opération à venir et que Thomas continue sa vie en sourire avec son corset.

Florence

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