- lun. oct. 20, 2008 8:53 pm
#124789
Bonsoir,
J'étais à peu près sûr qu'il y aurait un sujet la concernant sur le site. Je crois qu'elle va beaucoup manquer à notre monde par sa conviction, sa bonté, son amour des autres au jour le jour mais aussi "l'après elle" qui la préoccupait. Il n'y a qu'à ouvrir le journal ou regarder les infos chaque jour pour comprendre la valeur de son message.
Je crois qu'elle avait cette qualité rare de capter l'auditoire ou les gens qui la voyaient à la télé. Croyant ou pas, il nous est arrivé à tous de s'arrêter sur une chaîne en la voyant à la télé. Parce que l'on savait qu'elle allait nous "avaler" grâce à son énergie. Dire quelque chose de puissant et de beau... d'important. Un message toujours plein d'énergie. Elle n'a pas fait que parler non plus, elle s'est engagée. Peut-être ce qu'il manque le plus aux gens d'aujourd'hui. Elle n'a pas eu peur d'aller au contact de la faim, de la pauvreté et du désespoir avec toujours le même message : aimer l'autre et la vie.
Ses prises de positions l'ont parfois même mise face à des problèmes avec l'Église. Mais elle défendait ses convictions coûte que coûte, sûre de son expérience.
« J'ai [...] écrit un jour au pape Jean-Paul II pour lui décrire le monde dans lequel je vivais. J'étais entourée de gamines mariées à 11 ou 12 ans, qui faisaient un bébé tous les dix mois et en perdaient la moitié. Or l'un des docteurs qui travaillaient avec moi leur fournissait des pilules. Moi, je ne le faisais pas, mais ce docteur venait dans ma clinique et je savais très bien ce qu'il faisait. J'ai donc voulu attirer l'attention du pape sur des situations comme celle-là. Je sais qu'il a reçu ma lettre, parce que je la lui ai fait apporter par un intermédiaire qui le connaissait très bien.
Et la réponse ?
Il ne m'a pas répondu. Et je l'ai très bien compris [...]. Imaginez que le pape ait semblé m'approuver, en tenant compte de ma situation exceptionnelle. Vous voyez ce qu'aurait écrit la presse mondiale : le pape approuve la pilule ! »
A chaque fois que quelqu'un part proche de nous ou plus lointain, c'est un peu de notre culture et de notre âme qui nous quitte. L'essentiel n'est-il pas la trace que l'on laisse après soit plutôt que le temps que l'on dure ? D'ailleurs, sa générosité l'a poussé à s'inquiéter même de ce qu'il y aura après elle.
« Je sens maintenant ma barque s'éloigner peu à peu du rivage. Et je ne crains pas pour moi, je l'ai déjà dit. Mais pour la suite de cette action. L'association, qui a été un peu mon âme, a en charge 70 000 enfants dans le monde, dans les pays les plus pauvres. Si bien que, lorsqu'on me demande si je regrette de ne pas avoir eu d'enfants à moi, je réponds que j'en ai 70 000. Mais cela signifie d'énormes besoins. Et il faudra continuer, bien sûr, parce que le monde n'en a pas fini avec la pauvreté et la misère. [...] Je suis comme une mère qui va quitter ce monde et qui laisse ses enfants. Ce sentiment de continuité, de prolongement me rassure. Je me dis, comme tous les gens je l'espère, au terme d'une vie pleine et heureuse : je passe la main, la cordée est solide [...].
Vous êtes donc en paix avec votre conscience ?
Je citerai Montaigne : "Que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et plus encore de mon jardin imparfait !"
J'aurais pu mieux faire, j'aurais dû mieux faire ! Mais j'ai fait ce que mon cœur et Dieu me dictaient !
Si vous le voulez bien, c'est avec lui que j'en parlerai ! »
Pardonnez la longueur mais j'ai beaucoup de respect pour cette dame et ses propos. Espérons que la relève sera à la hauteur de son "œuvre". Rien n'est moins sûr.
Franck
énorme. l'entendre parler est une belle leçon de vie.
, Vermo
