- jeu. juin 09, 2011 10:22 pm
#205702
Bonsoir,
Il m'est arrivé ce Midi une aventure singulière, enivrante et angoissante. Alors que je profite de ma pause de Midi au travail pour aller voir Justine et Valérie, j'ai trouvé chambre vide en arrivant. J'ai réfléchi et je me suis dit que comme les affaires étaient encore là, elles ne pouvaient être loin toutes deux. J'ai patienté un peu dans la chambre, porte ouverte, à regarder passer ce drôle de monde peuplé de blouses blanches ou roses, de souffrance souvent mais au-delà de tout cela d'amour, de guérison, de couleurs et de sourires. Qu'ils viennent des clowns, des musiciens ou des blouses roses. Un monde multicolore ou le rire et l'affection permettraient d'effacer d'un revers de la main les souffrances et les larmes qui peupleraient cet endroit sans l'investissement de tous ses habitants.
Le temps a passé puis une infirmière est venue me dire que Justine était à l'échographie au Rez de Jardin. Le temps de descendre et je me suis assis au milieu des enfants patients et de leurs familles. A guetter la sortie de ma fille de son examen. Son dernier examen avant son départ de l'hôpital. tout à ma patience, je me suis rendu compte plus encore que d'habitude que ce petit monde est peuplé de gens comme nous, comme notre famille. J'ai reconnu dans certains yeux mes angoisses de la première fois, dans d'autres le courage d'après, la patience et la force d'ensuite. Et puis le doute d'après examen, la fierté de marcher en tenant la main de son enfant malade, le courage et la volonté de continuer à tout repeindre en rose autour même si nos coeurs sont gris à certains moments.
Les aurais-je vu il y a de cela quelques années, ces regards. Aurais-je déchiffré ces souffrances, cette inquiétude ou cet espoir que la vie m'a appris à lire du coin de l'œil, à déchiffrer en un instant. Aurais-je compris et décelé tout cela si je n'avais pas moi aussi voyagé dans les entrailles de l'hôpital des enfants, celui de la plus grosse injustice de la nature, la souffrance des gosses...
Je me suis soudain rendu compte que si tout se passait bien ce Midi, nous en aurions fini. Le vide m'a paru immense, aussi dur à appréhender que l'arrêt du corset pour Thomas. Cela m'a fait quelque chose, une drôle d'émotion. Impalpable, inracontable...
Pour finir, ce soir, Justine est sortie de l'hôpital à 18H30 avec sa Maman. Avec Thomas, nous l'attendions depuis longtemps à la maison. Inquiets de son sort. Elle est arrivée, est descendue de la voiture. D'habitude, elle court, coupe par la petite butte recouverte de pelouse devant la maison et finit d'un bond qui semble gigantesque sur la dalle d'entrée. Pas ce soir, elle est descendue d'un pas lent, très lent. Pâle, boitante, hésitante mais souriante comme à chaque matin avant cette tempête.Sa jambe côté opération lui fait mal alors elle se déplace comme une Mémé comme elle dit. Doucement, patiemment... courageusement. Mille fois plus que majorité de grands couards ou infidèles. Je suis allé à sa rencontre, ses yeux étaient recouverts de buée. J'ai pris sa main et nous sommes allés sonner chez nos deux voisines qu'elle voulait rassurer. Elle était fière de son voyage, heureuse d'être là. Et moi donc. J'ai repris sa main doucement pour retourner à la maison, Thomas nous accompagnait en sautillant. Heureux en secret de ce joli retour inattendu.
Ce soir, avant de dormir, Justine a repris sa petite vie. Un peu de télé allongée sur le canapé avec sa sucette et ses doudous. Elle a retrouvé notre petite maison. Si vous tendez l'oreille d'aussi loin que vous puissiez être peut-être l'entendrez-vous chantonner ou murmurer son bonheur retrouvé, peut-être surprendrez-vous notre joie d'être revenus.
N'oubliez jamais. Aussi loin que la vie nous mène, aussi longtemps que ce soit, on rentre toujours chez soi un jour... Pour toujours. Gardez courage et affection à jamais.
Meilleures pensées,
Franck