- jeu. mai 23, 2013 8:49 pm
#255922
Bonsoir,
En ce moment, la région Rhône-Alpes est noyée sous un déluge de pluie quasi journalier. Cela n'arrête pas et chaque journée apporte son lot de nuages et de pluie.
Aujourd'hui, Thomas avait son grand rendez-vous semestriel et, pour ne pas déroger à la règle... il pleuvait. Le rendez-vous était prévu pour 14 heures, dans les premiers patients de ces journées si spéciales. La routine habituelle est dorénavant connue : radio puis visite avec le Docteur G..., celui qui faisait si peur à Thomas hier. Nous nous sommes donc installé dans la pièce réservée aux consultations et avons attendu patiemment en regardant la pluie tomber. Le docteur n'est pas arrivé tout de suite, une étudiante en formation s'est présenté, un peu timide. Nous avons engagé la conversation en parlant du sujet du moment : la pluie. Chacun s'est bien sûr plaint de cette continuelle morosité depuis quelques temps. Mais après tout, nous en avons tous conclu que nous ne sommes qu'en Mai, que l’Été ne viendra que le 21 Juin. D'ici là, nous verrons bien.
Après tout, peut-être avons-nous été un peu trop gâtés ces dernières années et peut-être avons-nous oublié un peu les contraintes...
Le Docteur est enfin arrivé, il a ausculté Thomas comme d'habitude et noté une petite gibbosité. Il n'a pas manqué, à côté, de prendre des nouvelles de chacun mais aussi et surtout de Thomas. Il a accroché les radios au cadre lumineux, les a regardé, puis s'est rassis. Triste et sérieux.
Il a alors soudainement refermé la fenêtre thérapeutique qu'il avait laissé ouverte il y a de cela deux courtes années. En même temps que la fenêtre se refermait, Dame Scoliose est de nouveau rentrée dans la vie de Thomas, dans ses nuits, dans nos vies, dans nos coeurs.
Les résultats du jour ne sont pas bons, la scoliose est repassée à 23° et Thomas va de nouveau devoir remettre son GTB d'hier, au moins la nuit pour le moment.
Chacun a accusé le coup et puis retrouvé doucement les regards solidaires d'il y a quelques années. Comment en vouloir à qui que ce soit ? Le Docteur n'avait jamais menti et n'avait jamais offert de fausses promesses. Alors, le choc a été moins rude. Il restera tout de même le retour de la maladie, les doutes de quelquefois, la crainte que les choses n'aillent pas ensuite. Thomas a été solide et a accepté sa défaite du jour, notre crève-coeur de l'instant. Il s'est montré beau joueur et a accepté la "chance" de ne l'avoir que la nuit. Puis nous sommes repartis penauds chez nous.
Mercredi, nous irons avec Thomas chez son appareilleur reprendre de nouvelles mesures, refaire un nouveau corset, repartir au combat que l'on croyait gagné. Je connais la route de ce dernier, nous l'avons faite si souvent. Nous y retrouverons les gens attentifs d'hier que l'on aurait aimé ne plus recroiser...
Je suis un peu amer ce soir, pas beau en dedans, triste pour mon fils et pour nous. Je suis aussi triste pour chacun de ceux qui plaçaient leurs espoirs en Thomas, s'en servant d'exemple pour dire à leurs enfants que l'on peut y arriver. Parfois la nature est plus forte que le coeur des hommes, parfois le Printemps est plus froid que l'hiver... Thomas s'en fait doucement une raison. J'espère qu'il tiendra la route comme il l'a toujours fait. Il a connu tout cela. Il sait que les siens seront là, à ses côtés, prêts à ne rien lâcher et à repeindre les jours noirs en couleur. A écrire et partager son histoire ici, avec tous ses compagnons de corset pour y arriver plus tard. Ensemble...
Comme pour le soleil de Mai disparu, nous verrons bien.
Après tout, peut-être avons-nous été un peu trop gâtés ces dernières années et peut-être avons-nous oublié un peu les contraintes...
Meilleures pensées,
Franck