- jeu. juil. 16, 2015 10:33 pm
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Bonsoir,
Thomas a passé aujourd'hui sa visite trimestrielle. Pas de radio, juste la consultation. Le grand Docteur a ausculté Thomas avec minutie comme d'habitude. Thomas grandit et sa scoliose reste stable apparemment, le poids varie un peu mais on s'accroche du mieux possible.
Malgré ces nouvelles positives, l'épée de Damoclès est toujours là et le grand Docteur a invité Thomas a porter son corset un peu plus que douze heures, autant que possible. Thomas a accepté, bon gré mal gré. Et nous sommes ensuite repartis chez nous comme d'habitude avec nos doutes, nos craintes et nos espoirs.
En vrai, je pense que nous sommes tous en vérité repartis le coeur lourd. Douze heures, c'est trop pour un ado. Dix minutes, c'est déjà trop, alors douze heures... Le Docteur a dit à Thomas qu'il avait de la chance de n'avoir que douze heures de corset. C'est vrai que l'on en a vu aujourd'hui des corsets à 23 heures sur 24, avec 40 degrés à Lyon. Alors, c'est vrai que dons son malheur Thomas a de la chance. S'il se peut qu'il y ait de la chance dans tout cela, pas sûr... Tous les enfants et ados d'aujourd'hui ont en tous les cas un courage gros comme ça quelque soit le protocole de ce courage.
Je sais aussi que ce n'est pas facile d'être un ado. De devoir concilier l'école, le corset, le régime et tout le reste de chaque jour. Je sais que cenn'est pas facile, quand on fait comme Thomas ce week-end, une soirée Boum Camping avec les copains et qu'il faut remettre son corset à minuit. A la même heure que Cendrillon déserte ses rêves. Pas facile de se sentir un garçon devant les copines avec un tee shirt de plastique qui vous ramène toujours sur Terre au moment où sortent les etoiles...
Le plus beau dans tout cela est le courage de Thomas qui s'accroche, même si des fois il craque en en parlant avec les siens. Je regarde souvent le ventre de mon fils, pendant ses heures de liberté. Avant, je regardais sa courbure, son dos pour guetter les nouvelles. Bonnes ou mauvaises au gré de ma:confiance ou de mes doutes. Maintenant, je regarde ces marques que ces longues années ont imprimées sur son corps. Puisse cela ne pas être pour toujours. Je ressent même des endroits ou sa peau de gosse a durci, avec les années.
Ce qui me travaille le plus est l'espoir que plus tard, plus grand, il ne regrettera pas ces années à part, cette enfance différente. J'espère que les marques s'effaceront de son corps plus loin dans la vie, mais aussi que son coeur s'apaisera, qu'il ne nous en voudra pas de tout cela, malgré nous... C'est cela en vrai le plus dur, ce que l'on donne à nos petits, cet héritage difficile auquel ils nous opposent leur amour et leur courage.
Meilleures pensées,
Franck