- mer. janv. 23, 2008 11:25 am
#99293
Salut à tous,
Thomas est fier du petit message qui est affiché en haut du site en vert parce que Vendredi, c'est son docteur qui passe à la radio. Alors, moi aussi, je vais écouter attentivement ce qui va se dire et pourquoi pas aussi intervenir.
C'est vrai que le premier rendez-vous avait été catastrophique pour nous les parents. Cette décision de mettre un corset à notre enfant, l'inconnu que représentait ce traitement et cette maladie dont nous n'avions jamais entendu parler ou presque. Le premier contact nous avait semblé froid, terne et trop rapide. C'est vrai qu'en y repensant aujourd'hui, je me dis qu'il n'aurait pas été facile pour le docteur de nous dire cela avec un sourire jusqu'aux oreilles, ni d'en garder un bon souvenir pour nous. Que cela n'est probablement pas facile aussi pour le docteur de dire qu'il va mettre un corset à un gamin quel qu'il soit. Avec le temps et l'expérience, je comprends mieux les choses.
Le reproche que je ferais en me rappelant de ce premier entretien est la durée du contact. On aurait aimé que l'on nous explique ce qu'était la scoliose, sur quoi cela débouchait sans traitement. Le pourquoi de ce traitement et son cheminement. Je conçois qu'il y a beaucoup de patients à voir pour les médecins, que chaque cas est différent. Qu'il y a également des parents qui ne veulent pas savoir ou essayent de s'échapper parce que cela leur paraît inconcevable. Nous, ce jour là, on aurait voulu savoir quitte à avoir mal au bide un peu plus que ce que nous avons eu. Juste que l'on nous dise que l'on s'y fait même si cela n'est pas marrant tous les jours, qu'il y a un après. Dire aux parents que cela ne sera pas drôle mais que l'on va y arriver parce que le corset est une aide, un soutien obligatoire quelle qu'en soit la contrainte. Nous aider à nous faire une raison. Le plus dur est pour les parents ce manque d'information et de communication au départ. Ce n'est pas marrant de voir son enfant mesuré, pesé, "vérifié" sous toutes les coutures au milieu de ces gens. On a l'impression que quelque chose d'irrémédiable va nous tomber dessus. Et puis on repart aussi vite que l'on est arrivé. Avec notre gosse sous le bras, un rendez-vous chez un "prothésiste" avec marqué sur la carte ''Petit et grand appareillage". Des mots qui font peur quand ils vous tombent dessus au détour d'une simple consultation. On ne sait pas où on va.
Aujourd'hui, quelques mois plus tard, les choses vont mieux. C'est la troisième fois que nous rencontrons le docteur. Il est de plus en plus sympathique, ouvert. Mais il faut qu'il nous aide quelquefois dans notre cheminement de parents. Quel sport est le mieux, quelles activités, que faut-il éviter. Nous sommes passés à 20 heures sur 24 mais nous ne l'avons pas fait au début. Inquiets qu'il se tienne mal sans corset, que les choses s'aggravent. Parce que nous avons peur dans notre coeur de parents tous les jours, presque de manière obsessionnelle. On a pas osé de peur que les choses empirent. Alors, on nous a dit d'y aller et de lui donner 4 heures par jour parce que le traitement est long et qu'il faut éviter la saturation. On l'a fait. Cette maladie angoisse tellement les parents que même si on nous disait de ne l'enlever que 10 minutes, on le ferait. Cependant, actuellement, le contact avec le docteur est super bon. Sympathique, souriant et professionnel. Rassurant, quoi. Il prend des nouvelles de Thomas, pas que médicalement, psychologiquement aussi. Quand on repart après la consultation, on est regonflé. Prêts à retourner à la bagarre.
Il faut juste un soutien. Parce que voir le médecin tous les 90 jours, c'est faire le décompte dans sa tête. Bien le premier mois, plus soucieux le deuxième mois, inquiet le troisième mois et carrément mal à l'aise la semaine précédant le rendez-vous. Alors, pour la visite trimestrielle, il faut qu'on en prenne plein le coeur. En courage pour chaque jour, en volonté de persévérance pour Thomas, en promesse de lendemains. Prendre un moment pour dire aux parents comment les choses tournent quitte à entendre des mauvaises nouvelles. C'est le lot de la maladie. Plus de coordination aussi. Une communication entre le chirurgien, l'appareilleur existe. L'appareilleur est là lors des visites trimestrielles. Mais peut-être que le kiné devrait être là aussi, ou informé de la marche à suivre (exemple du rameur que Thomas fait et semble inutile pour son cas). Faire que si les choses s'aggravent à cause de la nature, on ne se sente pas responsables parce que l'on aurait mal fait quelque chose dans nos esprits.
Vivre avec ce corset, c'est une épreuve pour les petits, un cheminement à faire pour les parents. Il faut prendre un moment pour expliquer la maladie et son pourquoi. Aider les parents à ne pas se sentir coupables parce qu'au début on en entend des conneries : il ne fait pas assez de sport, il est trop gros, il s'assied mal... Et on culpabilise.
J'ai beaucoup appris sur cette maladie. Ici, sur le site. Dans des bouquins aussi ou sur Internet dans des sites médicaux. Et je me sens mieux depuis, informé. J'ai transmis mon petit "savoir" à ma femme. J'ai "dompté" la maladie, appris qu'elle était idiopathique. Alors je me sens plus fort avec mon épouse et j'aide mieux mon fils au fil des jours. Il arrive, même si cela paraît inconcevable, que les parents croient quelquefois avoir donné une mauvaise santé à leur enfant, que ce soient eux les responsables "génétiques" des soucis de leurs petits. Aujourd'hui, je sais ce qu'il en est, nous l'assumons et le gérons. Cela nous soigne nous aussi...
Alors, si je pouvais me le permettre, je dirais aux docteurs : prenez le temps d'expliquer aux parents, de leur faire comprendre la maladie (ses causes, son cheminement, son traitement). Donnez leur un savoir pour qu'ils soient prêts à aider leur enfant jour après jour, mois après mois. A continuer quel que soit le temps que cela prendra en étant sûrs de faire de leur mieux...
Bonne journée à vous,
Franck