Bonjour à toutes. Je pleure presque de revenir ici, j'y ai pensé, comme ça, alors que j'avais oublié que vous existiez.
C'est positif. Enfin, ce site a été positif pour moi. Mais tout ce qu'il me rappelle de ma scoliose me donne envie de pleurer. De soulagement ? Sûrement. D'avoir égalemment fait tellement de rencontres si positives qui m'ont tant apporté.
Merci. Merci pour tout, jamais je ne vous remercierai assez. D'avoir été là quand j'avais besoin, et d'être toujours là pour les autres personnes qui comme je l'ai été, sont aujourd'hui perdus.
Le contenu de ce message vous décevera peut-être, mais après 17 pages et des années de souffrance, je crois que ceux qui tomberont ici méritent d'avoir le fin mot de l'histoire.
A mon dernier rendez-vous chez le médecin, tout a été positif. Je ne grandirai plus avec mes 1m70, ou très peu, et ma scoliose a baissé et est stabilisée à un seuil bas et plus dangereux. Tout va bien, tout est reglé. "Félicitations", il m'a dit. Je n'ai jamais été aussi fière de moi.
J'ai dit à mon médecin que je déménageais, il m'a proposé de trouver un nouveau médecin dans ma nouvelle région, juste "au cas où", de temps en temps, car je ne dois plus porter mon corset (JOIE). J'ai été lâche, je n'en ai pas eu l'ENVIE. Ce n'est pas une crise d'adolescente, mais tout analyser m'a fait comprendre que c'était inutil que je continue.
Oui c'est pour ma santé, oui ce serait mieux, mais sincèrement, je crois avoir assez donné. "Guérir" de quelque chose et savoir qu'on devra quand même continuer à vérifier, tous les ans, me décourageait. Car j'y étais arrivée, enfin. La FIN, la fin de cela, de la peur.
Je n'ai donc pas cherché de nouvel hôpital où angoisser et pleurer. Inutil. Ma famille est d'accord. Je me "reconstruis". Ah, c'est horrible, j'ai l'impression de parler comme si je m'étais battu contre le cancer ^^ ! Mais ça a été l'épreuve de ma vie. Donc, pour en revenir au "je me reconstruis", c'est que je commence à peine à ne plus avoir le coeur qui bat quand je passe devant un hôpital, où être prise de panique lorsque j'entrevois quelqu'un qui semble porter un corset.
J'ai fini. J'ai déménagé, j'ai laissé derrière moi le mauvais et je reste en contact avec le bon, j'ai de nouveaux et nombreux amis, une scolarité brillante (c'était la touche de modestie du soir ^^), un petit chien, des frères et soeurs, un ordinateur dans ma chambre et un portable. Je suis une ado comme les autres, je n'ai plus mal au dos, je peux à m'habiller comme je veux, je ne crains plus le regard des gens.
Je suis devenue invicible. Ça peut faire sourire, mais c'est ce que je ressens. J'assume ma religion, mes convictions, mes goûts.
Et, par rapport à mon insistance sur les vêtements, c'est que je me suis découverte une passion nouvelle et inédite pour la mode. Moi qui me faisait avant la scoliose et le corset habiller par ma maman, aujourd'hui je suis addicte aux textures, aux coupes, aux couleurs, à leur harmonie. C'est tout un art qui me fait plaisir et me rappelle que je suis libre d'être bien dans n'importe quelle tenue que JE décide.
Avec la danse, ça me permet d'être bien dans mon corps.
Je peux sembler un peu dramatique, non ? Pourtant je suis heureuse. Je suis bien dans la masse, et je m'y démarque, je suis bien aux milieux de mes amis, et j'en découvre toujours de nouveaux. J'envisage de me perfectionner à l'anglais pour, à la fin de la 3°, être accepté dans un lycée où j'aurai 50% des cours dans cette langue. Puis faire une fac de droit, pas trop loin de ma famille... Faire ma petite vie quoi :) !
J'ai lu mes derniers messages postés sur cette histoire. Et je me rends compte de tout le chemin accompli.
J'ai gagné, j'ai tout gagné. Je suis heureuse dans ma vie (oui, j'insiste bien). Je me dis que si j'avais vu ce message lorsque j'ai posté mon premier sur cette histoire, mon histoire, je n'aurai pas pris ça avec autant de profondeur, autant d'appréhension. Et je pense, non, je SAIS, que c'est la fin que je voulais écrire, que j'ai toujours eu envie d'écrire ici.
Que c'est fini.
Voilà, c'est fini pour moi. Ne vous inquiétez plus, ne m'en parlez plus.
J'aimerai maintenant pouvoir aider les autres. Leur apporter la certitude qu'il y a une issue. Qu'on a pas forcément le recul nécessaire lorsqu'on est "en plein dedans". C'est pourquoi je vais essayer d'aider quelques adolescentes, de rattraper la lecture de leurs histoires que j'ai manqués. Les réconforter, les aider. J'espère que je servirai.
N'hésitez pas à m'orienter vers certaines que j'oublierai :)
Je compte venir ici souvent, désormais. Plus pour moi mais pour les autres. Comme ça, je pourrai me mettre à votre place, vous qui m'avez aidé et que je ne remercierai jamais assez.
Je crois que c'est la première fois que je l'écris, pourtant cela s'impose depuis que vous avez commencé à me réconforter. Il est évident que je devais finir sur ces mots :
"Merci. Je vous aime.
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"
Elodie.
(Je n'ai jamais autant aimé la notion de "point final".)
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