- ven. juil. 07, 2006 8:22 pm
#35758
Il aurait fallu que je transfère ces lignes dans la rubrique « coups de gueule » mais après réflexion, cette mésaventure m’appartenant à jamais, elle demeure ici… J’écris ceci parce qu’il ne me semble pas inutile de rappeler que la vie est dangereuse et que l’homme est souvent victime de sa propre intelligence et du fruit de son évolution. Dans un monde où la vitesse est synonyme d’ivresse, ou la violence est commune, on peut avoir 18 ans et avoir peur de traverser une rue… J’avais 16ans, je retournais à l’école à pieds comme tous les midis, c’était un lundi, j’étais heureuse, il faisait beau, j’ai souri à un chauffeur de camion qui s’était garé juste devant le passage pour piétons où j’allais traverser 2minutes plus tard.. Ce camion en question me cachait la vue du côté gauche, je me suis donc avancé, une voiture m’a laissé passer du côté droit, mais du gauche une voiture est arrivée à vive allure. J’étais sur son chemin, elle m’en a écarté cruellement tandis que mon sang avait une odeur de goudron, que le noir couvrait toutes les couleurs, que ma vie basculait, que des larmes de douleurs rappelaient mes souvenirs… ma jambe gauche et mon bassin me torturaient. Je n’ai jamais pensé qu’on pouvait tant souffrir…je pensais tout bas et si fort à la fois « mon dos ; mon dos, pourvu qu’il ne soit pas touché, faites qu’il ne souffre pas plus… » et mes sanglots redoublaient… Puis l’ambulance, la première aux urgences, la souffrance physique et morale, les radios , les échographies, les scanners… ensuite les soins intensifs et la nuit, cet univers flou d’oublis, ce trou noir dont je ne me souviens pas.
J’ai par la suite connu l’injustice du silence, pas un mot de la dame qui m’avait renversée ne met parvenu, pas un geste…pas un regard au tribunal.
Un rein déchiré, une hémorragie physique et morale (puisque je n’aurai jamais fini de déverser ma haine), un dos qui a souffert encore un peu plus, des os cassés, des ligaments fragilisés, des hématomes internes, de la souffrance beaucoup de souffrance, des semaines manquées à l’école, et la peur de traverser encore chaque jour…
En outre, la vie s’acharnant sur mon sort, je mettais déjà faite renversée 1an auparavant avec des séquelles moins importantes mais les séquelles psychologiques restent là. (je tiens à préciser que , dans les 2cas, je n’ai pas été en tort.)
Je souhaitais vous dire, et vous demandez, vous, les adultes, d’être vigilant au volant, je sais, on n’arrête pas de le dire, mais moi, je suis une victime, être simplement plus attentif et moins rapide aux heures de pointe et à la sortie des écoles, c’est une goutte d’eau dans la mer, mais c’est peut être sauver un enfant innocent.. ; Trop de gens meurent de cette façon… La vie est déjà assez périlleuse !!
Je ne suis pas morte à 16ans
Ni à 15 .
J’ai eu beaucoup de chances dans mon malheur et beaucoup de soutiens moraux.
Je crois en la vie. Je veux voir ce que me réserve le destin.
Mais j’ai peur de la folie et de la bêtise humaine…
Comment voulez-vous qu’un jour je passe mon permis de conduire comme tant de gens de mon âge ??
Comment voulez-vous que je pardonne les souvenirs qu’on m’a infligés à jamais…