- ven. févr. 29, 2008 11:03 pm
#103009
Bonsoir,
Je me pose 5 minutes sur le site et dans l'Histoire de Thomas. Juste avant d'aller me coucher, comme pour dire bonsoir à ceux à qui l'on pense.
Chez nous, il y a Franck et Valérie, Papa et Maman. Thomas et Justine, les petits avec leurs tracas. Et au milieu, il en reste un qui passe quelquefois pour lire par le site, mais dans l'ombre. A l'abri du regard des autres, presque discrètement sans que l'on s'en aperçoive. C'est Frédéric, mon frère.
Il vit avec nous depuis que mon père est décédé. Il n'a pas connu sa mère, décédée presque à sa naissance. Il a vécu avec mon père jusqu'à son décès. Probablement pas les meilleures années de mon père, un peu au bout du chemin après le décès de ma mère. Le jour où mon père s'est éteint, il a fallu prendre le relais alors nous l'avons fait naturellement avec Valérie même si pour elle ce n'était pas évident. De la découverte de sa nouvelle vie depuis que je suis son tuteur, plusieurs années se sont écoulées. Tout n'a pas été facile : nouvelles règles, nouvelle vie pour lui d'ordinaire un peu livré à lui-même avant. Chacun y a mis du sien, les choses sont rentrées dans l'ordre plus ou moins aisément. Depuis Juillet, il a 18 ans et fait partie de la famille presque comme un enfant, "différent d'origine" mais dans le groupe. A son arrivée dans la maisonnée, j'ai racheté la maison de mes parents. Elle n'est pas peuplée de fantômes. Seulement de souvenirs bons ou mauvais, à l'image de nos vies à chacun, qui ressurgissent de temps à autre au détour d'une sensation, d'une odeur ou d'une conversation sur avant...
Du jour où nous avons appris que Thomas allait être appareillé, il s'est un peu muré, silencieux et lointain. Refusant d'évoquer le sujet, les craintes et l'angoisse de ce que demain allait être pour nous. Il n'a pas participé aux rendez-vous de mise en place du corset chez l'appareilleur, toujours apte à trouver une excuse quand il le fallait. Je crois qu'en fait, en "presque grand frère", il a eu une vraie peine pour les petits.
A une poignée de jours du début du traitement, je l'ai "coincé", un soir. Je lui ai expliqué que l'on avait pas le choix, qu'il fallait le faire. Que Thomas resterait ce qu'il était si nous savions rester nous, qu'il aurait besoin de lui... nous aussi. Cela n'a pas enlevé à sa peine, mais je pense qu'il a compris que ses sentiments de tristesse, de colère et d'injustice étaient nôtres. Mais qu'il fallait y aller.
Il marche avec nous et les enfants depuis le début du traitement. Lui aussi se retrouve quelquefois couché par terre à jouer aux voitures, aux soldats. A gambader dehors avec les enfants, de pas de danse saluts à la ronde, de guerres militaires avec Thomas, en classe d'école dirigée par Justine. Il emmène les enfants avec lui faire des courses au village, acheter le journal. Quequesoit le temps que cela prend, juste pour le plaisir de le faire. Tantôt grand frère, tantôt confident de ce que l'on ne dit pas à ses parents, il suit Thomas à la trace et raconte ce que l'on ne sait pas toujours, nous les grands. Mais sans rapporter ou être espion, seulement pour aider.
S'il ne sort pas avec les copains, s'il a une après-midi ou une heure de libre, il consacre une partie de son temps aux enfants. Il participe à la bagarre, dit quelques fois son sentiment sur la maladie si on lui tire les vers du nez mais donne son coeur.
Alors ce soir, je parle un peu de lui, pas de nous. Parce qu'il le mérite, qu'il doit figurer dans l'Histoire de Thomas et avoir lui aussi sa part de remerciements pour nous avoir accompagné sur la route sans rien attendre en retour. C'est si rare de nos jours...
Franck