- mer. nov. 12, 2008 5:11 pm
#126728
Bonjour,
Justine a rencontré son chirurgien aujourd'hui. Comme pour Thomas, son suivi est un suivi minutieux et au long cours. Une série d'examens par an et un rendez-vous annuel avec le chirurgien. Aujourd'hui, c'était le rendez-vous avec le chirurgien. Justine "va bien". Son cavernome portal est toujours le même, sa rate n'a pas augmenté de volume. Les varices oesophagiennes sont toujours au stade 2 sur 4. Elle a toujours son "shunt" (différence de pression sanguine et de qualité du sang) au niveau du poumon.
Le chirurgien va donc reprogrammer de nouveaux examens de suivi au Printemps comme chaque année. Il nous a aussi parlé d'opération, un jour. Parce qu'elle n'y coupera pas. Il faudra vraisemblablement prendre une veine du cou pour réaliser un pontage au niveau du foie. Ou ligaturer les varices dans l'oesophage afin d'éviter une hémmoragie interne, ce qui serait grave.
Elle y viendra sûrement, mais elle a le temps. Le temps de rire encore, de profiter du temps qui passe, de s'amuser et de ne pas avoir peur du lendemain et de l'opération. Elle est encore si petite, tout cela est encore si complexe à gérer pour une petite blondinette de six ans... Mais il faudra bien y aller un jour. Alors chaque jour passé est un jour de plus à reposer notre âme, à dormir paisiblement. Les choses n'iront de toute façon pas en s'arrangeant alors, on compte les jours comme un trésor secret et précieux.
Thomas a été chez son appareilleur aujourd'hui. Les mousses du côté de son corset étaient décollées et lui pinçaient la peau. Hier soir, au moment d'enlever ce dernier, la peau de son ventre était toute rouge. Cela devait probablement lui faire mal mais il ne s'en est pas plaint un seul instant. Il est comme cela, Thomas, courageux. Parfois un peu trop...
Ils sont beaux nos enfants, en corset ou autrement. Avec ou sans cavernome. Ils courent parfois dans la maison en criant, complices comme larron en foire lorsqu'il y a une bêtise à faire. Quelquefois chamailleurs ou bagarreurs entre eux : "Justine m'a tapé dans mon dos", "Oui, mais Thomas m'avait tapé dans mon ventre avant". Il arrive aussi qu'ils soient silencieux, appliqués à dessiner le monde comme ils le voient ou à colorier... ensemble.
Ils parfument la maison de leurs rires, de leur joie. De leur larmes quelquefois quand les choses semblent dures. Il suffit de rentrer plus tôt, un soir, pour se rendre compte de l'immensité du silence quand ils ne sont pas là. De l'importance de leur présence. Quelle que soit l'heure de mon coucher, mon dernier regard, ma dernière pensée est pour eux.
Peut-être différents d'autres, dans leur cheminement d'enfants. De par leur traitement ou leur regard sur le monde. Pas mieux que ne le seraient d'autres mais différents. Il s'en font une raison aujourd'hui, jour après jour. Plus tard, ils tireront de tout cela une force de vie, un courage et une ténacité dans la vie.
Et dire qu'il y a des gens qui ne veulent pas d'enfants parce que cela fait trop de soucis. Ils ne savent pas à côté de quoi ils passent...
Meilleures pensées,
Franck