- jeu. août 06, 2009 5:44 pm
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« FORT COMME LA VIE »
La vie d’Alberto Contador aurait pu s’arrêter dans une descente des Asturies le 12 mai 2004. Le jeune coureur de Liberty Seguros gît sur le sol, inerte. Il est tombé seul, sans explication. Lorsque Santiago Fernandez Zubizarreta arrive sur les lieux, Contador respire encore. Le médecin du Tour des Asturies pratique les premiers soins, machinalement. Ces premiers gestes de survie auront leur importance. Personne ne le sait encore, mais Alberto Contador vient d’être victime d’un début de rupture d’anévrisme. Transporté d’urgence à l’hôpital d’Oviedo, son état est grave mais les premiers secours pratiqués sur le bord de la route lui ont visiblement sauvé la vie. Il retrouve ses esprits et veut rentrer chez lui.
Dans la maison familiale de Pinto, cité-dortoir de 40 000 habitants située dans la banlieue Sud de Madrid, la famille Contador s’inquiète. Ils ont déjà eu droit, quelques années auparavant, à leur lot de désagréments. Raul, le petit frère d’Alberto, est atteint de paralysie cérébrale. L’inquiétude est justifiée, moins d’une semaine plus tard, lorsqu’il faut transporter à nouveau d’urgence Alberto Contador à l’hôpital de Madrid. Le diagnostic est alarmant : le coureur madrilène souffre d’un cavernome, une lésion cérébrale consécutive à une malformation vasculaire congénitale. « Cela a été un moment particulièrement pénible pour toute la famille, signale Francisco Javier, le frère aîné et désormais manager. On était tous un peu désemparés, on s’est tous beaucoup soutenus mutuellement. On a essayé de se montrer forts parce que Raul était là aussi et qu’on avait pas le droit de lui faire ressentir notre détresse. Mais c’est encore Alberto qui nous a finalement donné une belle leçon de vie ».
Alberto Velasco Contador s’en est sorti au bout de trois longues heures d’opération immortalisées aujourd’hui par soixante dix points de suture à la tête. Au cours de ces moments particulièrement difficiles, Manolo Sainz, le manager de Liberty, a été omniprésent. Il a toujours été d’un soutien précieux pour la famille Contador. Alberto lui en a toujours été reconnaissant. « Je n’ai pas à juger ce qu’il a pu faire mais, en ce qui me concerne, il a été d’un grand réconfort pour ma famille au cours des moments difficiles », a toujours estimé le double vainqueur du Tour.
Le coureur de Pinto a recommencé à marcher dès le mois d’Août 2004 pour finalement remonter sur un vélo au mois de Décembre. « Je savais qu’il fallait que je remonte sur un vélo, confie-t’il, c’était le bon choix ». Ces mots lui reviennent un mois plus tard, lorsqu’il reprend la compétition au Tour Down Under, en Australie, et remporte une étape. « Là où il y a la volonté, il y a un chemin, avait-il lancé pour ce bouquet de la résurrection comme il l’avait déjà murmuré à l’oreille de sa mère à son réveil sur son lit d’hôpital. Cette victoire en Australie restera comme le plus beau moment de ma vie ».
L’équipe – 27 Juillet 2009.
Finalement, le monde est minuscule. Même le vainqueur du Tour peut avoir un cavernome. Cela a bien plu à Justine. Sans entrer dans le débat du sport cycliste et de ses couloirs sombres, l’histoire m’a paru belle. La morale aussi. On peut réussir sa vie et être passé tout prêt de la sortie. Etre malade, guérir et vaincre le sort. Ou ne pas guérir et continuer son chemin avec sa maladie sans baisser les bras.
« Là où il y a la volonté, il y a un chemin ». Pas de doutes que la leçon est belle. Quoi qu’il nous arrive, les choses continuent tant que l’on garde confiance, courage et volonté de réussir.
Sûrement que ce petit bonhomme en jaune a dû penser aux siens très fort en montant sur Verbier ou en roulant comme une fusée autour du lac d’Annecy. Sûrement qu’il a tiré de sa propre expérience une force que l’on ne peut imaginer. Peut-être que d’avoir pris ce chemin dans sa vie, il y a de cela quelques années, l’a porté dans sa quête. Nul doute même.
Sûrement a-t-il pensé aux siens, surtout son frère, qui l’aiment et qui l’ont accompagné sur la route jusque là. J’ose espérer qu’il a aussi pensé à lui, sa quête atteinte, parce que ce qu’il a gagné, il se l’est mérité à grands coups de courage, de volonté, mais aussi grâce à l’affection des siens.
Voilà qui poussera sans doute les autres à ne pas baisser les bras, ou abandonner. Quoi qu’il en advienne...
Meilleures pensées,
Franck