- lun. mai 21, 2012 9:26 pm
#233793
Bonsoir,
Combien de mois sont passés déjà, combien de jours sans corset depuis la pause du traitement de Thomas ? Nul ne sait plus vraiment dans la maisonnée. Entretemps, la scoliose mise entre parenthèses s'est faite oublier un peu. Justine avait volé la vedette contre son gré à son frère pour son opération de l'été dernier.
Finalement, la mémoire me revient doucement. Je dirais deux ans à peu près, guère plus et pas grand chose de moins. Cela fait déjà beaucoup mais tout cela reste près de nous, encore "frais" dans les esprits. Il suffit d'ailleurs d'ouvrir le grand placard de l'étage dans lequel sommeillent les corsets de Thomas pour retrouver l'odeur de ces jours, pour se souvenir d'eux... Ils sont encore là, presque neufs. Le petit GTB se cache, tapi derrière les deux grands Milwaukee des débuts qui semblent encore si impressionnants, si remplis de douceur aussi et d'affection. De larmes et de doutes, de promesses données et de bons moments où l'on se redécouvre malgré tout.
Même si l'on arrive à s'en passer, à n'en faire qu'un souvenir, on oublie jamais définitivement tout cela. Combien de fois mes yeux de Papa ont-ils profité d'un instant pour regarder le dos de Thomas. Cette hanche qui semble certains jours plus haute que l'autre, cette épaule qui semble plus basse parfois. Cette petite bosse que l'on imagine voir certains instants alors que l'on essaye uniquement de surveiller. Et puis, tout cela disparaissait si vite souvent. On oubliait mais cela restait là. Caché dans les âmes, comme un fantôme dans la maison et les esprits de ses habitants.
Thomas a décidé d'en parler avec son Papa ce soir, chose plus que rare. Preuve aussi que le fantôme est revenu roder au-dessus de la maison, dans les couloirs et les nuits de chacun. Il a en premier évoqué le fait que le docteur allait encore le gronder pour son ventre rond. Il a promis qu'il ne se laisserait pas faire, argumentant que c'est un peu "de famille". Et puis, il l'a bien fallu, il a parlé corset. Ses mots ont dépassé sa pensée et il a dit que si le corset revenait il s'enfuirait à toutes jambes, sûr que les autres se moqueraient de lui au Collège. Il a fallu trouver la voie de la raison, partager, discuter, échanger. Concevoir que le corset pourrait ne revenir que la nuit ou qu'à la maison... Peut-être aussi ne pas revenir tout de suite, plus tard, plus loin encore... Qu'il fallait aussi en parler avec le docteur si besoin.
A table, la discussion du soir est revenue irrémédiablement sur le sujet, malgré les autres instants de la journée. Chacun en a parlé, a partagé et redonné du soutien, de la solidarité à défaut de certitudes à Thomas. Justine a promis qu'elle penserait à lui Jeudi, les grands ont confirmé. En un instant, une fraction de seconde, la solidarité est revenue et l'affection a repris sa place comme depuis le début. Confirmant la présence de chacun si un jour...
Meilleures pensées,
Franck