- jeu. avr. 23, 2015 10:16 pm
#280120
Bonsoir,
Le temps file vite. A force d'années écoulées, je n'aurais bientôt plus assez de doigts pour les compter. Cela fait quasiment dix années, deux mains entières, que Thomas a rencontré Dame Scoliose au détour d'un sombre mois de Juillet.
Le temps passé a certainement rajouté de drôles de rides supplémentaires au détour de nos yeux de parents. Mais l'essentiel est resté. De Milwaukee en GTB, de fenêtres thérapeutiques en reprises d'un traitement soudaines, rien ne nous a vaincu. Notre solidarité, notre affection et la présence des gens d'ici nous ont toujours aidé à passer les mauvais caps.
Aujourd'hui, Thomas a passé son énième radio, rencontré une nouvelle fois le grand docteur. Les choses sont stables, la courbure ne bouge pas et c'est une bonne nouvelle. Thomas continue à maigrir, à s'affiner au fur et à mesure du temps. Le petit bonhomme rond et craintif d'hier, de ma première année en corset avec lui a laissé place à un grand adolescent beau gosse et heureux de vivre.
Mais il reste ce dos plat, cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Cette promesse que demain ne sera pas forcément simple. Le grand docteur l'a dit à Thomas aujourd'hui. "Je pense que tu as un joli dos aujourd'hui. Mais le vieux Monsieur que je suis avec l'expérience que j'ai de cette maladie me dit de me méfier. De nous rappeler de tes débuts à 32 degrés, il y a dix doigts de cela. Peut-être qu'a l'automne, il faudra remettre le corset plus longtemps qu'aujourd'hui. Pour éviter un jour l'opération... Simplement"
Thomas a soufflé de dépit dans son costume d'ado. Je connais mon fils et je sais qu'il a soufflé pour ne pas en pleurer... Cela nous a fait de la peine, ramené sur Terre. Thomas, à 14 ans, dix ans plus tard, ne rêve comme les copains que de quiétude, de bons moments et de rires. Et voilà que l'on reparle de corset plus longtemps... Dur, dur, dur.
Le retour a été un peu plus calme que d'habitude, chacun ailleurs dans sa tête. Plus loin dans la vie au-delà des dix doigts. Papa a expliqué les choses à Thomas, les efforts à faire, le courage à trouver demain. L'injustice de la nature aussi. Thomas a acquiescé, accepté contraint de force. Il aurait bien versé une larme mais les grands ne font pas ça. Demain, peut-être. Papa sera là ce jour là s'il le faut, promis.
Dans mon costume d'entraineur, je suis un compétiteur. Je ne lâche jamais rien tant que l'arbitre n'a pas sifflé la fin. Je tire toujours les miens vers le haut. Et s'il m'arrive de perdre, je le fais avec courage. Là non plus, je ne lacherais pas. Promis. Cela fait bien trop longtemps que l'on s'accroche pour accepter de rendre les armes sans combattre. Alors, demain, plus tard, on verra bien. S'il le faut, on serrera encore un peu les rangs, on s'accrochera. Mais on ne perdra pas. Car nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas, nous n'imaginons même pas cela...
Meilleures pensées,
Franck
ps : Au-delà de tout cela, j'en avais oublié mon coup de gueule du jour. en arrivant à l'hôpital, une "nouveauté" nous a surpris. Le parking du grand hôpital lyonnais des enfants est dorénavant payant. Nous en avons été quitte pour "faire don" de 2,50 Euros pour 1H30 de consultation. Un vrai plaisir. Il est vrai que chacun vient à l'hôpital pour la détente, la ballade et qu'il est normal de payer en échange. Espérons au moins que cet argent servira à améliorer les conditions de vie des petits patients ou du personnel soignant de l'hôpital, ce serait une juste cause. Mais j'en doute... Nous devenons vraiment tous des "vaches à lait", dommage