- mer. nov. 04, 2015 11:21 pm
#284029
Bonsoir,
Ça y est, Thomas a récupéré son nouveau corset. Celui-ci lui fait d'ailleurs bien peur, il le trouve bien massif et le surnomme"le bloc". C'est vrai que ce nouveau corset est massif et couvre entièrement le tronc. Difficile de faire mieux quand il faut contenir les lombaires et les dorsales hautes. Il est pourtant joli, une nouvelle fois, le corset de Thomas. Plein de couleurs et réalisé pile poil à ses mesures. Mais il reste un corset, avec tout ce que cela représente à 15 ans.
Je suis rentré ce soir a 22 heures du rugby et la première chose que j'ai fait est de monter voir Thomas dans sa chambre pour savoir s'il dormait. Il était encore éveillé, prêt à laisser la douleur des premiers jours en corset céder enfin devant la fatigue. Un peu las, il m'a expliqué que le corset appuyait un peu fort devant sur un angle effectivement un peu prononcé. On attendra courageusement le réveil demain matin pour voir si ce corset laisse des marques d'appui ou s'il fait vraiment mal. Si tel est le cas, je prendrais ma pause de midi pour aller refaire modifier le corset. Thomas est une priorité.
Mais il faut aussi retrouver ses marques. Pas possible de dormir ce soir sur le ventre, Thomas y arrivera plus tard promis. Le petit bonhomme d'autrefois avait bien réussi à faire sa première nuit en Milwaukee, les deux mains solidement accrochées aux barres de sa têtière comme un capitaine de bateau dans la tempête. Il y a si longtemps deja. Alors, le grand d'aujourd'hui trouvera ses marques. Et s'il le faut, Papa refera comme hier, si longtemps avant. Il s'allongera avec Thomas un moment au coucher pour prendre du courage, partager les choses difficiles. Parce qu'en discuter, c'est déjà guérir un peu. Pour les grands aussi.
Ce soir, je dormirais mal moi aussi, comme chaque fois. C'est ainsi, on ne se refait pas. Au-delà des pas si graves que ça ou des ça n'est rien. Au début, il y a longtemps, j'aurais pesté, juré après ceux-là. Maintenant dix longues années plus tard, je ne les entend plus. Il m'arrive encore de shooter dans une poubelle de rage, mais moins qu'hier. Et puis, quand je suis un peu dans le dur, je regarde mon môme torse nu. Avec son dos et son ventre bardés ça et là de plaques rouges,souvenirs indélébiles de cette enfance différente qui me fait souvent si mal au bide, sûrement pour toujours. Celles que le temps a dessiné sournoisement sur son corps, au rythme du corset. Au fil des Milwaukee, Gtb ou autres noms complexes. Et je me dis que je suis malgré ma peine un type chanceux. Parce que mon fils est un gosse formidable, plein de courage et de volonté. Et je me sens fier, malgré tout ce qu'Il vit. Fier, tout simplement, juste pour moi et les miens. Secrètement...
Meilleures pensées,
Franck