Bonjour à tous,
L'AG a sans doute été un vrai beau moment pour les participants. J'irai lire les commentaires.
De notre côté, la décision d'une ré-hospitalisation de semaine en soins études est presque prise, les délais restent importants. En appelant directement, on m'a répondu qu'il y avait un délai de 3 ans (2 ans pour qu'elle atteigne 14 ans et ensuite 1 an de liste d'attente, je ne sais pas comment j'ai descendu l'escalier sur mon lieu de travail, mes collègues en open space ont vu de suite (malgré mon silence pudique) que là, j'étais en mode off.... Via les médecins et le CMPP qui suivent déjà Delphine , l'accueil peut être plus rapide. Elle n'est plus en état psychologique de reprendre les cours (elle aura tenu en fait à peine 2 semaines...). J'ai quitté la colère et l'indignation, on se concentre maintenant sur l'encadrement de cette période transitoire de dé-scolarisation. Nous avons mis plusieurs semaines à réussir à entrer en contact avec le médecin scolaire qui suit son dossier. Seule notre médecin traitant a pu l'obtenir.
Sincèrement, l'inertie de l'Education Nationale (par ex pour répondre à une demande d'information sur l'identité du médecin scolaire ou de la référente de scolarisation) fait concurrence à celle de l'Administration Pénitentiaire, il vaut mieux en rire ! J'entends les problèmes de personnel, mais tout de même, chez les fonctionnaires, il y a le devoir de continuité du service public (j'en sais quelque chose), mais là, bon, ça ne les tracasse pas trop que les parents d'une élève bénéficiant d'un PPS ne puisse même pas obtenir en 6 semaines les coordonnées de la personne qui suit son dossier au sevice médico-scolaire et à l'académie, purée, dans mon travail, on répond en 5 jours à tous les mails reçus des usagers (et je ne suis pas dans un service médical), on fait une réponse personnalisée, tous les usagers savent qui ils doivent rappeler en cas de litige ou de problème, j'hallucine, si j'avais cette attitude, je peux vous dire que M. le Maire en serait avisé sous 4 heures maximum ! Je supporte mal cette absence de responsabilté.
Dans cette impasse, les torts sont partagés (Delphine n'a pas su s'adapter), après les prophéties auto-prédictives sont des réalités : on nous a affirmé que notre fille ne pourrait pas s'adapter, eh bien, c'est sûr, si on part comme ça, cela ne peut que devenir vrai ! Mobiliser ses capactiés d'adaptation, c'est juste au-delà du possible pour elle maintenant.
Nous essayons de reprendre des forces en se disant que l'intervention est une vraie belle réussite médicale, au -delà même de l'espéré, il y a seulement l'adolescente de juste 12 ans qui "craque" devant les difficultés : quand la marche est trop haute, l'élève dit juste que c'est pas possible, jusqu'à ce qu'on l'intimide tellement qu'elle ne puisse vraiment plus faire l'effort de lever le pied (au plan symbolique bien sûr). La maltraitance, ça marche, la victime part d'elle-même, et les parents finissent par être vraiment convaincus que il n'y a pas de place pour elle... Beaucoup d'écoeurement, vraiment, ce n'est même plus de la colère, c'est une grande envie de vomir...
La seule personne vraiment compréhensive (à part les professeurs à leur manière bien sûr), c'est l'assistante sociale du collège, mon conseil pour d'autres parents confrontés à des soucis similaires, c'est de la contacter avant d'être dans l'impasse, avec un élève couché dans le fossé... Sinon, au delà d'un certain stade, il y n'a plus que les soignants du monde hospitalier capables d'intervenir.
Nous en tant que parents, on devient un peu "écorchés vifs" à force de se prendre des coups et d'être confrontés à des paroles d'intimidation (jamais d'écrit, tout se fait à l'oral et sans témoin). Je continue à croire que ce sont des maladresses non calculées, mais l'accumulation devient un peu questionnante, et pas que pour moi d'ailleurs...
Je pense que pour les chefs d'établissement, cela semble plus confortable d'avoir le moins possible d'élèves "à problèmes" et de les rendre invisibles par rapport à la hiérarchie, c'est vrai que quand on part de soi-même, ça prouve bien que "ce n'était pas possible, Madame, vous voyez bien". Je ne sais pas comment on peut dormir paisiblement ensuite, sans doute si, il suffit de se persuader que la sécurité justifie tous les abus, c'est une forme d'idéologie qui légitime tous les écarts par rapport au respect des droits de l'homme et du devoir de bienveillance.
Delphine toute seule a trouvé et imprimé une feuille sur les droits de l'enfant.
Elle est inscrite au CNED en attendant le suivi scolaire qui sera prévu à l'internat (car ce sera trop éloigné pour rentrer tous les soirs).
Notre grande fille opérée devient aussi une ado qui entre dans l'opposition et s'affirme par le refus. C'est fatigant pour nous, comme pour tous les parents d'ado !
Au plan médical, elle est ausi dans le refus. Il faut devenir imaginatif pour rester ferme mais amener à une autre posture.
Je pense aussi qu'elle vit beaucoup d'inquiétude, j'ai parfois le sentiment que pour elle, la perspective d'aller là-bas, c'est comme si on allait perdre le petit Poucet dans la forêt ! J'ai beau expliquer qu'il y aura des visites, des RV avant l'admission, l'impression de rejet domine.
Bon, elle garde son émerveillement devant les feuilles d'automne
Voilà pour les nouvelles, assaisonnées de l'humeur du moment, colorée par ma subjectivité de mère.
Raphaëlle, mère de Delphine.
"C'est sûr, on va y arriver !"