- ven. déc. 23, 2011 3:43 pm
#222587
Cher Père Noël,
Voici une année de plus qui s'en va doucement. Celle-ci fut mouvementée et parut par moments bien longue. Mais à force de patience, de confiance et de solidarité, nous en avons vu le bout paisiblement.
L'opération de Justine est dorénavant un souvenir, six mois déjà. Un souvenir mais pas quelque chose de banal, que l'on oublie rapidement. Non, je pense que cela restera toujours aux côtés de Papa et Maman. Ils s'en souviendront longtemps, me semble-t'il. Même Justine se souvient parfois de ces moments et a besoin d'en parler à son tour de temps à autre.
Les examens de Thomas montrent que sa colonne recommence doucement à courber. Le Docteur est confiant, mais je sais qu'à chaque fois que la courbure reprend quelques degrés, Papa et Maman encaissent mal le coup. Ils savent, tout comme Thomas, que le corset reviendra un jour. Au détour d'un examen où la nouvelle sera plus ardue que les autres fois.
Ce traitement est souvent essentiel pour la santé des enfants. Mais il sait aussi être douloureux pour les parents. Toute une vie de gosse parfois... Il arrive même à certains de devoir attendre pour arriver à passer les mains sur le dos de leurs enfants. Une heure, juste une heure chaque jour. Le temps de la douche et du bain, d'un câlin et voilà que le traitement revient. Que de sacrifices sont parfois demandés pour arriver à combattre cette maladie inégale, injuste. En est-il d'ailleurs de justes et d'égales en ce monde...?
Thomas s'est rendu compte, avec humilité et émotion aussi, qu'il est un modèle de réussite pour certains de ses compagnons de maladie rencontrés récemment. Il s'en est aperçu à l'Assemblée. Alors il sait qu'il doit faire tout son possible pour que les choses aillent, pour mériter la réussite qu'il vit. Il sait, comme chacun, que rien n'est gagné pour demain, qu'il faut rester vigilant... C'est parfois étrange d'être un "malade en sursis", d'avoir cette drôle d'impression d'attendre sagement le retour de la maladie sans pouvoir agir.
A force de temps, il a bien fallu se faire une raison et l'accepter... Le Père Noël n'existe définitivement pas, Justine le sait car les copains de l'école ont définitivement vendu la mèche. Au début, elle était drôlement en colère après Papa et Maman qui lui ont menti depuis si longtemps. Nous avons d'ailleurs croisé le Père Noël il y a de cela quelques temps dans les rues. Justine n'a pas voulu le saluer, flouée...
Pour le reste, Noël reste un moment magique, une période de l'année à part. Chacun se prend à rêver, à rire, à profiter des milles couleurs dont s'habillent les nuits de Décembre. Tout paraît si beau à Noël, à côté des sombres soirées pluvieuses et froides d'Hiver, le reste du temps.
On prend aussi en ces moments un peu plus de temps que d'habitude pour penser aux autres. Papa avait hier soir mis une bougie sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, "En hommage à Audrey" qui est là-haut dans le ciel, nous a t'il dit. Pour lui montrer que l'on pense à elle aussi.
Je sais que Papa ira faire un tour au cimetière, poser quelques fleurs sur la tombe de ses parents avant de passer Noël en famille. Il aura un peu le coeur gros, la famille cela fait penser à la famille...
Je sais aussi qu'il était très triste la semaine dernière car Melinda, compagne de maladie de Justine est décédée, guère plus âgée. Je crois qu'il a même pleuré, cela lui faisait quelque chose... Le monde est parfois si injuste. Il n'y a pas de honte à être sensible, parfois, à penser aux autres autant qu'à soi.
Finalement, Justine a compris dernièrement, après en avoir discuté avec les siens, que même si le Père Noël n'existe pas vraiment, son esprit souffle sur les gens de bonne volonté. Et c'est au fond cela qui importe, qui l'emporte et compte plus que tout. Cela qui pousse les gens à partager un peu, se rapprocher, s'encourager, penser les uns aux autres. L'esprit de Noël reste quelque chose de formidable, d'inébranlable malgré notre vie tumultueuse. Puisse-t'il souffler longtemps encore même si l'on est devenus grands et que l'on sait la vérité...
Dimanche, pour en finir, Justine a croisé le Père Noël sur une charette au détour d'une rue de Bourgoin. Il saluait les enfants, Lorsqu'il est arrivé à sa hauteur, Justine a levé la main, l'a salué et a crié : "Bon Noël à toi aussi Père Noël..."
Le temps n'emporte jamais les rêves.
Bon Noël à tous,
Santé, joie, bonheur, prospérité à chacun,
Franck :noel