Bonsoir Alexandra,
En passant sur le forum, je viens de découvrir ton histoire, et j’en profite pour te faire part un peu de mon expérience et surtout te redonner un peu la patate !
Tout d’abord, je comprends complètement ta tristesse de ne pas avoir un dos « normal ». Je pense que dans ce forum, tout le monde a rêvé un jour de ne plus du tout avoir de problèmes de dos. Pour te faire rire, lorsqu’on a découvert ma scoliose à 11 ans, je me suis mis un soir un peu d’eau de Lourdes que j’avais pris dans une fiole de ma grand-mère en pensant que le lendemain mes gibbosités auraient disparu. Maintenant, j’en souris, mais il est vrai que je ne peux parfois m’empêcher de regarder les femmes qui mettent des robes avec dos nus avec une pointe de nostalgie. Mais c’est la vie, tu sais, il faut que tu parviennes à transformer cette expérience en quelque chose de positif, faisant partie d’un apprentissage de la vie.
Alors en quoi me diras-tu, non ? En te lisant, je vois que tu as deux atouts indéniables.
Premier point, tu as un dos musclé par ton escalade, et ça, c’est primordial, cela va certainement t’aider à contenir dans une certaine mesure l’évolution de ta scoliose.
Deuxième point : tu es compétitrice, donc je te suppose disciplinée, assidue et orientée à des objectifs. Et c’est crucial pour maintenir au long terme un bon maintien du dos.
Pour ma part, j’ai continué à muscler mon dos en travaillant au fil du temps la souplesse et flexibilité, par toute une série d’exercices quotidiens et hebdomadaires. En plus de la natation, je fais du yoga tous les jours et je me rends compte qu’à 30 ans (et oui le temps passe vite), j’ai une connaissance de mon corps et un état général bien meilleur que la plupart des nanas de mon âge. Mes profs de yoga n’ont jamais pu détecter ma scoliose. Lorsque je vois certaines filles qui se tiennent mal au travail ou dans la rue, je me rends compte qu’en effet avoir une scoliose et être en attention permanente avec son corps fait qu’on le respecte et on le préserve mieux, et ça, je te promets que c’est un réel avantage qui fait déjà la différence à mon âge et qui le sera encore plus avec le temps, j’en suis absolument convaincue.
Pour ce qui est du deuxième point, je crois qu’il est très important de ne jamais perdre son objectif fixé, de toujours essayer de pratiquer des exercices pour assouplir son dos, encore et toujours ton dos. Maintenant, que tu aies un corset en janvier ou pas, je pense que tu devras selon moi toujours t’occuper de ton dos, et pour ça, il va falloir que tu utilises ta compétitivité et ton envie de faire de ton dos, ce que tu as envie qu’il soit : harmonieux et stable. Le stress du corset, les multiples angoisses avant les RDV des chirurgiens, les verdicts des courbures ont développés chez moi un sens de l’effort, du travail et une très forte détermination. Et ce sont autant de qualités et d’armes développées et utiles dans ton quotidien. Je pense que j’ai eu à la base un caractère de combative, mais je peux t’assurer que ma scoliose l’a fortement renforcée.
Et lorsque j’aurai envie de me relâcher un peu, et de dire « tant pis, je ne fais d’exercices aujourd’hui, car je suis un peu crevée », je repense à cette professeur de yoga, dont je suis complètement admirative.
Alexandra, regarde attentivement la vidéo ci-dessous :
http://www.youtube.com/watch?v=ouVZedOCNW0
Maintenant, accroche-toi, cette femme a été opérée il y a 22 ans d’une scoliose, elle a plusieurs vertèbres soudées (de T2 à L3, partie thoracique et lombaires)…La première fois que j’ai vu cette vidéo, je n’en suis pas revenue. Je l’ai tout de suite vu et revu plusieurs fois, ça a été une vraie surprise, une révélation presque. Et oui, il y a des personnes qui malgré leur problème physique au départ (on suppose que sa scoliose n’est pas de 20° pour se faire opérer), ont réussi à le surmonter et à le sublimer même. Sans son problème de dos, elle n’aurait certainement pas découvert le yoga, n’en aurait pas fait son métier, et ne nous aurait pas offert cet art physique.
Et des exemples comme celui-ci, il en existe de nombreux.
Depuis, je t’avoue que je pense souvent à cette femme et je me dis qu’il ne faut vraiment jamais se laisser aller, et toujours aller de l’avant en essayant de continuellement rendre notre dos le plus souple possible et de l’aimer.
Je ne me rends pas bien compte si mon ressenti sur ma scoliose à 30 ans te fera voir les choses différemment, en plein adolescence. Bien sûr que tu seras rivée sur le stress de ton éventuel corset et de toutes les étapes à franchir avant que tu termines ta croissance, ceci étant, quand tu n’auras pas trop la frite, essaye de repenser à cette femme et au fait que rien n’est fatalité, bien au contraire.
J’espère que je t’aurai un peu aidée.
Je t’embrasse.
Carla