- ven. sept. 12, 2008 12:31 pm
#120867
Bonjour Nina,
Je suis le papa de Thomas dans les Histoires d'enfants. A vrai dire, je me cantonne souvent sur le site aux Histoires d'Enfants, je ne viens pas fréquemment chez les ados. Alors, il se trouve qu'aujourd'hui en passant, je viens de voir l'Histoire de Nina. Je veux juste te livrer mon sentiment par rapport à tes posts et ce que tu y racontes. Tout cela m'a interpellé, fait de la peine à vrai dire. Cela m'a renvoyé un peu plus loin, dans un coin de mon coeur. Un an auparavant.
La première chose que je voulais te dire est que le sentiment qui te secoue, qui vous secoue tous chez vous, est normal. L'arrivée d'un corset n'est pas une chose banale parce qu'il en découle beaucoup de changements. Dans la vie de tous les jours, dans le "mental" des parents, dans la perception des choses qui nous entourent. Quand mon fils a eu son corset, le 27 Août 2007, j'ai eu de la peine. La vraie, celle qui fait pleurer les grands, leur donne l'impression qu'ils sont seuls au monde avec leur valise de maux. Je crois, à vrai dire, que je n'ai jamais été aussi malheureux qu'à cette période, pourtant j'en ai connu quelques unes des dégringolades. Moi aussi, j'ai pleuré un peu dans mon coin, essayé de tenir la route devant mon fils. Il m'arrive encore d'avoir de la peine encore aujourd'hui. Mais je me suis accroché à mon fils, aux miens. Comme tout le monde ici, comme toi. Rien ne sera facile, mais une fois les habitudes mises en place, tu vas atteindre une autre dimension de ta vie de Maman que tu n'avais, comme chacun de nous, jamais imaginé : "mon enfant est malade, cela n'est pas facile. Pour lui, pour moi et ceux qui l'aiment autour. Mais je vais l'aider, quelle que soit la durée. Lui donner de l'amour, de l'attention, de la volonté et du courage. Il va m'en donner aussi, m'apprendre sur lui des choses que je ne soupçonnais même pas. Dans quelques temps, un jour, tout cela aura une fin. Alors, on aura traversé la tempête et gagné sûrement en affection, en qualité de vie. Même si l'on aurait pu le faire sans cette épreuve". Tous les jours, je me dis cela. Quand j'ai de la volonté, quand mon coeur lâche quelquefois, même quand les choses vont bien.
Pleurer, c'est normal. Chacun de son côté, ensemble. C'est comme on veut, il n'y a pas de honte. Montrer sa peine aux siens, c'est les aimer. Mais après, il faut faire attention que nos enfants ne deviennent pas malheureux en voyant nos réactions. Il va falloir prendre le temps d'expliquer à ta fille ce qu'elle a, en discuter. Qu'elle sache aussi ce qu'elle risque à ne pas suivre son traitement, ce qu'elle gagne à se soigner. Vider le sac, une fois pour toutes et après, serrer les rangs et partir au combat. Et s'il faut pour cela dormir un peu avec ta fille au début, pour l'aider, tant pis.
Pour le reste, tu le verras, on peut quasiment tout faire avec un corset. Dormir, courir, jouer par terre. Sourire, aimer la vie, se serrer à s'en arracher le coeur. Vivre... comme avant. Les autres aussi s'habitueront, à condition de leur expliquer. Peut-être même que les enfants s'habituent plus vite que les adultes à tout cela. Ils comprennent. Il reste toujours des c... pour se moquer mais aujourd'hui il y en a partout. Ou des gens qui ne comprennent pas et questionnent, intelligemment ou bêtement aussi car cela peut arriver. A nous de faire le tri en tant que parents.
Selon les résultats, le protocole de port varie. Tu le verras dans les autres histoires. Comme le disent souvent les gens ici, chaque cas est différent. En courbure, en évolutivité. A nous de suivre ce que l'on nous demande pour le mieux de nos enfants. Après, la nature fait le reste...
Pour finir, j'ai souffert moi aussi au début. Mais aujourd'hui, je m'accroche à mes enfants. Ma vie a changé, le corset a bousculé les habitudes d'autrefois. On prend le temps de vivre, de s'aimer plus simplement, de s'écouter et parfois de se consoler. Certains soirs, il arrive même que la télé reste éteinte parce que l'on joue avec les petits et l'on échange plutôt que de rester seuls chacun à ses occupations.
Et puis, le coeur reste au milieu, sous le corset. Bien au chaud...
Courage,
Franck