bonjour Triphon.
je voudrais te raconter une petite partie de mon histoire personnelle et quelques faits qui je l‘espère pourront t‘aider dans ta réflexion vers cette décision que tu dois prendre. tu as raison en disant que j’exerce un métier enrichissant. et ce côté que j’aime dans le domicile c’est que nous sommes beaucoup plus dans le relationnel, les prises en charges sont à plus long terme, nous avons plus de temps pour écouter, échanger, connaitre la personne. il se crée parfois des liens (déconseillés, je sais, mais nous sommes humaines, pas des robots). écouter toutes ces personnes et découvrir leurs histoires, leurs passés, m’a appris que souvent, ce que l’on croit pouvoir gérer et qu’alors on ne soigne pas dégénère, provoque ou accentue le handicap ou la maladie. les gens me font grandir, évoluer, prendre conscience. et force est d’admettre que nous recevons autant que nous donnons. j’apprend au quotidien. quand je disais que c’est souvent les personnes plus malades, plus atteintes qui s’inquiètent, remarquent les problèmes et donnent des conseils et recommandations, c’est parce qu’elles savent, elles ont vécu, elles ont souvent été "comme nous" avant, et je retiens que plus que de ressentir des inquiétudes (que l’on veut croire non fondées), elles font de la prévention.
avant, si je souffrais d‘un petit rhume, d‘une petite bronchite, …, (ajoutons l’insouciance de la jeunesse) je ne prenais aucun traitement et aux inquiétudes et conseils prodigués, je souriais : arf, c’est rien, dans une semaine j’ai plus rien ! sauf que je l’ai appris, un petit rhume peut devenir une bronchite, une bronchite peut devenir chronique, peut tourner en pneumonie. aujourd’hui quand je tombe malade en hiver, je vais toujours au moins en pharmacie chercher un traitement. "il vaut mieux prévenir que guérir"
pour en venir à un fait. j’ai en charge depuis quelques mois une dame atteinte d’une
scoliose sévère et en grande souffrance physique. je ne sais plus son âge précis, mais un peu plus de 80 ans. j’ai remarqué sa scoliose de suite en la rencontrant et quand je l’ai déshabillée ? ce fut le choc. nous avons beaucoup discuté de sa scoliose (jamais soignée), de son évolution, de son vécu, de ses souffrances. elle m’a expliqué (je reprend ses mots) que
plus jeune elle n’était pas tellement "tordue", mais qu’elle s’était "tassée" avec les années. alors plein d’interrogations se sont installées dans mon esprit. je lui ai dit un jour que j’avais une "petite" scoliose, un petit S. elle m’a donné plein de conseils et m’a expliqué (je reprend encore ses mots)
qu’à mon âge elle était comme moi, pas plus. qu’un jour je ne supporterais plus les douleurs et que je devais me soigner. mais il me semble que je préférais encore me voiler la face. depuis s’est installé comme un petit rituel entre nous. chaque fois que je quitte son domicile, nous nous disons au revoir et elle lève le doigt et me dit :
et souvenez vous, à votre âge j’étais comme vous. et moi de répondre par un sourire.
et pour dire que cette constatation de visuel associée à ce que j’ai pu lire de certaines histoires me conforte dans l’idée qu’il faut suivre les conseils qui nous sont donnés de consulter et prendre en compte (ce que j’ai surligné en gras) les alertes qui nous sont données.
voila, je te raconte ça en espèrant t'encourager car tu n’as que 48 ans et encore de belles années à vivre et il serait dommage qu’elles soient gachées par ces
"satanées douleurs".
