Bonsoir,
Finalement, l'émission s'est faite sans l'intervention d'un parent. Seule Chris s'est rendue sur le plateau pour parler de la scoliose et l'a bien fait. Sûrement mieux que l'on ne l'aurait fait, sans doute.
Et puis, au fait, si l'on nous l'avait demandé notre ressenti de parents, qu'en aurait-on dit ?
Peut-être que la découverte de la maladie fut un moment douloureux, difficile à vivre. Tout comme le fut la première rencontre avec le médecin, froide comme une journée d'hiver. Triste comme Papa et maman au sortir de leur première consultation avec leur gosse inquiet dans une main et la carte d'un appareilleur dans l'autre main. Et au milieu, cette sensation qu'en un instant, tout avait disparu, que plus rien ne comptait et que les choses ne seraient désormais que grisaille.
On aurait pu parler aussi du temps qui passe si doucement nous semble t'il entre le premier rendez-vous et la mise en place du corset. De ces nuits sans sommeil, de nos cœurs au goût amer, de nos regrets "de n'avoir rien vu avant", de ne pouvoir rien faire. De notre peine et de nos larmes, simplement, enfouis aujourd'hui à l'intérieur de notre âme mais si prompts à ressurgir dès que l'on évoque ces jours à jamais gravés dans nos coeurs à tous.
On aurait pu dire que le temps est passé. Que l'on s'y est tous fait finalement. Aussi incroyable que cela nous semblait au début quand on a vu le Milwaukee pour la première fois. On aurait pu raconter cela à ceux qui ne connaissent pas. Mais ils n'en auraient peut-être pas compris ou saisi la gravité de quelquefois. Le doute de la réussite, l'incertitude de la guérison, la longueur du temps qui passe et les peurs trimestrielles. On aurait pu dire que l'on s'est sûrement usé le regard sur le dos de nos enfants depuis que l'on a découvert leurs maux,maintenant que l'on sait observer leur dos. Et que c'est si simple d'observer le dos de nos gosses pour prévenir la scoliose... quand on sait. Que de terrain reste t'il à parcourir là aussi avant que tous les parents de France connaissent ce geste salvateur.
On pourrait dire pour finir que l'on est fiers à crever de nos gosses ou de ceux des autres de ces histoires d'enfants. De leur courage, de leur sourire dans la maladie, de leur confiance en tout cela. Corsets, tractions, plâtres et tous ces traitements pas drôles si tant est que l'on a à les vivre par delà les regards de bien portants de certains spécialistes du "pas si grave que ça. On pourrait dire que l'on a tous appris depuis le début du traitement, que cela fasse deux jours ou dix ans. Que l'on s'est tous battus à s'en user le coeur. Que l'on est parfois fatigués, mais que cette fatigue là malgré tout, c'est du bonheur.
Leur dire aussi enfin que l'on est heureux d'appartenir à la même famille que Chris, Rosy, Fanette, Biba, Mamynou, webmaster, Marietout et tous les autres qu'il faudrait longtemps pour nommer, de peur de faire l'offense d'en oublier un seul. Leur dire que nos mômes sont un peu des leurs, de leur famille à travers ce site. En gardant une pensée pour ceux de ce petit monde qui nous ont quitté en route. A l'âge où l'on doit parfois s'en aller lorsque l'on a bien vécu pour certains mais aussi malheureusement trop jeunes pour certains enfants dont les Histoires sont encore ici. Pleines de leur douloureux chemin.
Et puis, remercier encore ceux qui ont inventé cette île de partage et de solidarité sur le Net. Bien coincée dans les moteurs de recherche entre les sites médicaux alarmistes et les corsets un peu douteux d'un autre genre. Ici, la maladie semble plus douce, les explications plus simples, les mots plus tendres à lire et les vies plus belles à raconter.
Peut-être qu'un jour on le dira tout cela. Ce serait bien parce que nous, nous le savons déjà et nous en sommes riches sans le savoir...
Meilleures pensées,
Franck
