- mar. févr. 15, 2011 9:42 pm
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Bonsoir,
Au commencement, l'Histoire de Thomas était celle d'un petit garçon qui rencontra un jour une drôle de maladie. Une maladie qui l'obligea à porter pendant quelques années un drôle d'appareil, un corset, pour l'aider à redresser sa colonne vertébrale. Quelques années sont passées, les corset se sont succédés et le petit garçon d'hier a grandi. Au fur et à mesure qu'il prenait de la hauteur, sa scoliose s'est redressée. aujourd'hui, les choses vont bien pour lui : il ne porte plus de corset.
Nous sommes restés vigilants tout au long de ce sevrage, Thomas repassera d'ailleurs sa radio semestrielle en Juin pour voir comment les choses évoluent. Et, serait-ce être optimiste que de dire que je pense que les choses vont bien pour l'instant ? Je reste méfiant, attentif, car je sais que rien n'est gagné, qu'il reste encore du chemin à parcourir jusqu'à la fin de sa croissance, que le vent pourrait tourner à nouveau un jour malgré ses efforts... Il en est ainsi.
Parfois, je relis un peu ça et là des choses que j'ai écrites ici. Tantôt ému, honteux, fier de mes sentiments, je sais que ce qu'il y a ici est sûrement ce qu'il m'est arrivé d'écrire ou de dire de plus beau, de plus sincère. Je sais que cela m'a fait du bien, en a fait aussi à d'autres qui sont passés lire par ici et je suis noble de tout cela. Heureux d'avoir donné et partagé.
Thomas fait partie d'une histoire sur ce site, comme tant d'autres ici. Des belles histoires, des chouettes, des tristes à pleurer, des encourageantes, des désespérantes qui ont toutes en commun la valeur d'avoir le goût de l'effort, de l'épreuve et de la volonté. Quelle qu'en ait été l'issue. Thomas n'est pas seul dans sa belle histoire, il marche depuis le début accompagné des siens. Accompagné parce que tout le monde s'est rapproché pour se joindre à lui le jour ou le ciel nous est tombé sur la tête. A tous chez nous. Il était déjà tombé quelques fois auparavant, je me rappelle. Je l'ai écrit par ici, après l'avoir souffert. Il m'est arrivé de gagner certaines fois, de perdre aussi. Comment être trop sûr de soi. Chacun dans la maison est une part de l'histoire de Thomas a jamais. Quelle qu'en soit la fin un jour, plus tard.
Justine a rencontré aujourd'hui son chirurgien. Pas son professeur, qu'elle a l'habitude de côtoyer tous les semestres avant de vite retourner à sa vie de petite gamine intrépide. Non, son chirurgien, le vrai, celui qui va l'opérer courant Avril. Il voulait connaître cette petite fille qu'il va devoir opérer, savoir ce qu'elle aime, ses peurs pour ce qui va arriver. Et puis aussi faire les examens d'usage avant. Justine et Maman l'ont trouvé gentil, il les a mis à l'aise. C'est sûrement la seule chose qu'il pouvait faire pour nous et il l'a fait à merveille. Il reste ce fameux examen de mi-Mars où Justine sera endormie pour vérifier l'état des artères. Auparavant, elle aura rencontré l'anesthésiste le 9 Mars.
Il y aura deux possibilités pour l'opération.
La première en réalisant un pontage des intestins au foie, en sachant que le foie peut "lâcher" et provoquer une hémorragie ce qui nécessiterait alors une grosse transfusion.
La deuxième possibilité sera, si le foie ne convient pas, de prolonger le pontage des intestins jusqu'à un rein.
Pour finir, le docteur a expliqué que c'était une opération lourde mais inévitable. Avec les possibilités que cela implique parfois... Et puis 4 à 6 heures d'opération, 10 jours d'hôpital, 1 mois de repos et unsuivi pendant six mois.
J'ai un peu cherché un coupable depuis ce moment. Cherché qui nous avait joué ce sale tour, mais je n'ai pas trouvé. Je ne trouverais jamais d'ailleurs. Je suis triste que mi-Avril, ma fille se fasse enlever une veine du cou pour se la faire mettre dans le ventre. Je suis triste pour elle qui va se retrouver avec une longue cicatrice sur le cou et une autre du milieu de la poitrine jusqu'à la hanche en passant par le nombril. Triste pour elle.
Triste de ne pouvoir plus, de ne pas tenir parole quand je dis que cela ira. En colère après je ne sais trop qui. Inquiet aussi, comment ne le serait-on pas. Comme tout le monde, il m'arrive de faire de mauvais rêves.
Mais au milieu de tout cela, je reste debout. Solide parce que c'est la seule chose que j'ai besoin d'être. D'ailleurs, cela je le partage avec les miens, les acteurs de l'Histoire de Thomas qui sont restés là. Ils ont un peu changé de cheval de bataille, mais ils sont tous restés soudés. En sachant que cela vaut mieux que tous les doutes du monde, les inquiétudes possibles et les peurs. Toutes ces choses qui se bousculent parfois à l'intérieur.
Justine a peur et moi, tout costaud, je lui dis que c'est bien normal. Qui n'aurait pas peur. Avoir peur, ce n'est pas forcément perdre, s'abaisser. C'est juste douter.
Je me rappelle qu'un jour, j'avais dit au début de l'Histoire de Thomas que nous marchions tous sur un drôle de chemin. D'un côté le précipice, de l'autre un versant abrupt qu'il nous faudra peut-être gravir un jour. Aujourd'hui, Justine et les siens vont devoir gravir ce versant et ne pas tomber. Il faudra compter sur chacun pour aider l'autre...
Je sais encore ce que chaque instant coûte. J'en oublie certains sûrement parfois. Mais je sais la difficulté pour Harmony et Katy en ce moment, pour Celia bientôt. Plus précisément parce que les choses sont dures de leur côté en ce moment. Et puis aussi tous ceux pour qui les choses vont. Rien n'est banal, lorsque la vie nous bouscule. Un corset, une opération, un plâtre, un simple rendez-vous. Tout est parfois si dur quand on ne peut qu'accompagner. Nous pensons bien à vous tous...
Meilleures pensées,
Franck