- mar. nov. 20, 2012 2:42 pm
#245160
Bonjour,
Ça y est. Avec le temps, la voilà revenue cette drôle de boule. Celle qui serre mon estomac de Papa comme à chaque fois, inlassablement. Elle revient pourtant régulièrement, à chaque semestre, malgré la promesse que je me fais à chaque fois en me disant que cela va aller. Rien ne passe, "l’ancienneté" n’est pas un privilège à ce niveau et chacun revient toujours aux mêmes angoisses pour son enfant, avec ou sans corset. Que sera demain ?
Il en est passé des regards sur le dos de Thomas depuis quelques jours. Certains emplis de doutes, d’autres faussement optimistes guettant la ligne des épaules ou le décalage des hanches. Rien n’y fait, le doute subsiste. Jusqu’au rendez-vous de Jeudi, chacun oscillera entre le doute d’avoir vu quelque chose et la certitude que l’on se pousse à avoir en soi que tout ira bien. Je crois, à vrai dire, que Thomas se rend compte de tout cela. Je pense qu’il sent d’ailleurs, de temps à autre, ces regards tourmentés qui frôlent son dos, étudient sa posture.
Le petit garçon en Milwaukee d’hier a grandi. Il a pourtant gardé quelques rondeurs, qu’il n’arrive pas à perdre malgré ses efforts et son inscription de cette année à la natation. Rien n’y fait. Le temps est passé pour lui aussi mais il se rappelle de ces drôles d’années avec son corset. Rien de tout cela ne l’avait empêché de vivre une enfance heureuse. Les corsets, tapis dans un placard, restent des membres à part entière de la famille. Chacun a eu une existence et garde une histoire écrite en son cœur. De peine, de larmes et de joies aussi. Ces nuits où l’on se rapproche du rendez-vous, il arrive même que ceux-ci s’échappent du placard et reviennent visiter les esprits de la maison endormie. On ne se refait pas et cette menace d’un retour, un jour, plane au-dessus des têtes et le fera encore longtemps...
Jeudi, le petit garçon d’hier qui courait en Milwaukee à la rencontre de son Papa avant ces diables de rendez-vous trimestriels aura laissé place à un plus grand garçon. Sans corset, noble présent de Dame Nature, mais avec toujours au fond du cœur la même frousse de ce grand Monsieur que la vie de Thomas a croisé un jour sombre, il y a bientôt 6 ans. Il me semble dans ces journées là qu’en fermant les yeux, je pourrais revoir chaque instant.
Chacun aura le cœur serré, plus que les autres jours. Inquiets et solidaires, tous les membres de la petite famille suspendront leur journée à ce verdict. Justine, dès son retour de l’école, tendra l’oreille, écoutera puis fera un câlin à Thomas quoi qu’il advienne. Sa façon à elle de remercier la nature, de partager son affection, de donner son soutien. Thomas se laissera faire malgré tout et appréciera en secret, n’en laissant rien paraître. Chacun aura retrouvé les siens, encore. Quoi qu’il advienne de cette journée différente...
Meilleures pensées,
Franck