- sam. déc. 17, 2005 11:38 am
#5536
Bonjour Justine,
Je suis Marcelus (un petit "vieux" de 55 ans qui a eu aussi 15 ans avec une scoliose grave) et j'ai lu très attentivement ton histoire avec ses '"rien ne va plus" des "journées parfois horribles" ou encore des "cauchemars" qui te donnent envie de "partir au bout du monde" et "ma vie s'échappe comme de l'eau entre mes mains", c'est vrai que la maladie en plus des soucis quotidiens n'est pas auprès de nous comme une amie qui nous veut du bien, pour nous rassurer et nous garder dans la confiance en soi et aux autres mais souvent comme une vraie "sorcière" qui nous épouvante parfois, qui veut nous fait perdre le sentiment de soi-même, nous enfermer dans une sorte de prison en nous refermant sur nous-même, nous fait bien souffrir plus moralement que physiquement... alors on commence à entrevoir ses véritables intentions : elle voudrait changer nos prénoms personnels et les beaux sentiments qui y étaient attachés ... et nous faire tous appeler "Maladie" avec les idées noires y attachées...
Alors, il ne faut pas se laisser juger et condamner par cette Sorcière à cause des sentiments de tristesse et de détresse qu'elle fait naître en nous, nous sommes encore "humains" pour avoir des sentiments "noirs ou blancs".
D'autre part, nous sommes tous impatients de vouloir le bonheur mais "les hivers de la vie préparent aux printemps". Nous devons apprendre à grandir lentement selon le rythme de chacun, la Nature est un un bel exemple avec ses automnes, les feuilles qui tombent et ses hivers gris et froids où tout semble s'arrêter et enfin, avec quelques mois de patience, il y a les printemps et les renaissances de la vie. Et la vie humaine est un peu pareil, nous avons été plantés dans une terre maternelle, nous y avons grandi, parfois dans la rudesse des familles et pareillement les différentes saisons s'y succèdent. Il y a des moments comme au printemps et en été nous sommes tous "beaux et heureux" mais la croissance humaine implique aussi des hauts et des bas dans ses "automnes et ses hivers"; alors, parfois, on a du mal à croire que les meilleures saisons vont revenir, alors que les jours se succédent dans le découragement, la tristesse ou les sentiments de mort... Si la Nature est adaptée à l'Environnement, nous, nous pouvons l'accueillir ou le refuser, nous ouvrir ou nous fermer, dire oui ou non ! Ce "oui" peut être parfois un peu "passif" fait de lassitude ou de regret, le passage vers un "oui" total parfois un vrai combat...
Alors, il faut essayer de ne pas dramatiser les choses, être l'ami du Temps, même si je passe un mauvais moment... se rappeler qu'il y a deux choses en nous :
-une partie superficielle faite de sentiments et d'imagination, imaginer des choses qui n'existent pas, nous enfermer dans des idées qui ne sont que fantasmes et images, dans une prison de tristesse et de refus de la vie ...
-et une partie très profonde, très secrète et cachée : notre coeur profond fait de joie. Pour quitter notre "prison" vers ce coeur, il faut une clé très petite et secrète : croire que plus profondément que ces sentiments de tristesse et de mort il y a notre personne profonde en qui il y a la vie, unique et importante, avec une destinée ... Il faut alors essayer de ne pas se laisser envahir par ses sentiments, ses nuages noirs, la clé qui ouvre c'est le "oui" à notre personne profonde et secrète, l'envie de la découvrir. Et paradoxalement, la maladie peut nous aider à l'aimer et à l'apprécier; sans elle et le combat qu'elle nous demande on ne se rendrait peut être pas aussi bien compte de la difficulté à accéder à notre "coeur", à notre trésor...
Et, au lieu de dire : "je suis nul, incapable, je veux disparaître ..." en cherchant notre coeur intérieur on découvre peu à peu : "j'ai en moi des sentiments de tristesse et de mort qui viennent de je ne sais où". On découvre ainsi ces deux parties en nous : celle secrète et cachée, la source de notre être et de notre vie, et celle blessée qui envoie à la conscience des messages de tristesse, de révolte ou de mort...
Enfin, dans ce combat entre ces deux parties où le coeur semble devenir un vrai champ de bataille, la partie secrète et lumineuse paraître si petite et si faible, presque rien, et la partie de découragement et de mort si énorme et écrasante... on se rend compte que même dans une grande chambre la plus noire qui soit, il suffit d'une toute petite bougie pour tout éclairer, croire à cette lumière qui chasse les ténèbres. Ca veut pas dire que les ténèbres ne sont pas épaisses, qu'il soit facile d'allumer la bougie, c'est parfois difficile mais il y a une espérance, une lumière : l'amour est plus fort que la haine, la vie que la mort. Quand je commence à ne plus m'identifier à la maladie,où je distingue ma personne profonde d'une part, séparée d'autre part des sentiments de tristesse qui surgissent de je ne sais où, j'ai la "clé" de ma guérison. Il y aura peut être des combats entre ma personne profonde et cachée et les puissances de tristesse et de mort qui m'envahissent, me jugent et me condamnent prétendant que je ne suis bon à rien ... Mais chaque fois qu'on choisit l'amour, la vie ... on repousse la tristesse et la mort. Dans ce combat il faut puisser en soi, certes, mais aussi se faire aider si possible...
Continue à nous écrire, "petite" Justine, et tu peux aussi aller voir dans mon "ancienne histoire" mon dialogue du 3 Mars 2005 à 21h 15 avec Ptitange (Clément)
Bien à toi, Justine, Bisous du "vieux" Marcelus.